Pas de traitement de faveur ! (Reese et Earnest)

Pas de traitement de faveur !

◦ With Earnest Wilde ◦

Après avoir enfilé de vieux vêtements d'homme de la classe moyenne pour passer inaperçue, me voilà dans une impasse. Ainsi, j'aurais moins de risques d'être repérée.

- Oh, si seulement je n'avais pas perdu mon carnet !

Je jure entre mes dents serrées en essayant de reproduire la gestuelle que l'homme dans le parc essayait d'enseigner à l'enfant. De mémoire, bien sûr. Je dois bien avoir l'air ridicule, avec mon pauvre bâton de bois tout biscornu !
Je souffle en essayant de garder mon sang froid mais en faisant un pas en avant dans un mouvement mal contrôlé, je me tord la cheville et me retrouve par terre.

Je siffle de douleur. Non, ce n'est pas le moment de me casser quelque chose ! Heureusement, la douleur diminue bien vite. Cela risque d'être un peu sensible pendant quelques jours, tout au plus. Rien de bien important.

Avant de me relever, je décide de m'accorder une pause. Continuer dans cet état d'énervement ne donnera rien de bon. Est-ce que cela vaut même le coup de continuer ? Je n'ai en mémoire qu'un ou deux positions et mouvements... Je ne risque pas d'aller bien loin comme cela !

Je repense encore à mon carnet. La dernière fois que je l'avais, c'est sur ce banc dans le parc... Je suis sûre que c'était là ! Mais quand je suis retournée sur place, il n'y était plus. Quelqu'un a dû le prendre. J'ai soudain les larmes aux yeux.
Oh non, je ne vais pas pleurer pour quelque chose d'aussi stupide ! Ce n'est qu'un carnet !
Un carnet qui contient beaucoup d'idées précieuses à mon coeur, notées au fil de mes pérégrinations. Un carnet qui contient des idées pouvant être dangereuses pour qui les exprime... Un carnet qui contient une grande part de mon travail.
Un carnet qui contient aussi les croquis de la leçon de combat à laquelle j'ai plus ou moins secrètement assisté...

Je soupire. Bon. Reprenons. Ce n'est pas en m'apitoyant que mon carnet va réapparaître ! Je me remets en position, les pieds écartés, et avance d'un geste brusque en fendant l'air avec mon bout de bois qui me tient lieux d'épée. Puis je recommence, m'imaginant face à un ennemi redoutable.
Ridicule. Mais que faire d'autre ?

Le carnet trouvé, il est très bien entretenu. Bien que je ne sache pas quel est son contenu, la calligraphie y est soignée. Je n'ai que survolé le journal, je ne voudrais violer l'intimité de cette inconnue. Les seules pages que je me suis permis de regarder, ce sont celles qui se sont ouvertes à moi. Enfin, pas vraiment à moi, juste quand il est tombé au sol, le vent à tourné la page sur les derniers écrits de la Lady.

Et le contenu y est décontenançant. C'est... Moi ! Enfin, mon élève et moi. Les gestes que j'ai pu exercer avec lui lors de notre entraînement. Hum... Pourquoi avoir pris des notes ? Et schématiser ces dernières ? C'est relativement correct. Il y a juste quelques erreurs. Il est évident que cette inconnue a suivi cette leçon avec assiduité, mais quelques passages sont erronés.

Je me suis permis de la corriger. Mon côté professeur sans doute. C'est sans doute idiot, elle ne le verra sans doute pas. Cependant, je le fais sur une autre page, dans le cas où elle trouverait cela insultant ou déplaisant, ainsi elle pourra simplement les arracher. Il y a beaucoup de détails qu'elle n'a pas pu entendre, du fait de la distance qui nous séparait à ce moment-là. De ma plus belle calligraphie, j'ai bien tout structuré pour que cela soit compréhensible. J'ai fait quelques dessins assez brouillon, même si ce n'est pas de l'art, c'est plus compréhensible.

Cela m'a pris du temps, mais je suis assez satisfait. Cela se voit que c'est un officier qui l'a écrit, clair, net et précis. C'est très structuré, cadré, carré. Il n'y a pas d'émotion, c'est assez froid, la seule phrase qui fait exception est "Colonel Wilde, pour vous servir." en bas de la page, pour donner un nom à cette écriture. Tout a été écrit par ma plume en métal, celle que j'ai reçu à Eton dans mes dernières années, quand c'est devenu la norme dans les écoles. Je la garde tout le temps sur moi, ce n'était pas donné à l'époque !

J'espère retrouver cette demoiselle. Sans doute serait-elle retournée au parc ? Je dois m'y rendre !

Marchant donc pour la rejoindre, je la revois justement en train de... De s’entraîner ? Avec un bâton... Hum... Cela ne va vraiment pas. Sa posture est fragile, il y a trop de faille, et frapper l'air ne servira à rien si ce n'est l'épuiser pour rien.

Ses jambes sont bien écartées, je ne peux le nier, mais...

Je me positionne derrière, et lui dis.
-Recule ta jambe gauche. Tes épaules sont trop affaissés, l'ennemi se trouve devant toi, pas en bas. Tu tiens mal ton bâton, il est trop élevé, cela laisse beaucoup trop de faille à tes ennemis.

Tout en lui disant cela, je me permets de corriger son emplacement. Mes mots sont ceux que j'emploi face aux nouvelles recrues, dur, autoritaire. Je suis le professeur "Colonel Wilde", maintenant.

La tête haute, je marche de sorte à être en face d'elle. Je tends ma main contenant son cahier.

-Et ceci doit être à vous, il me semble.

Je la vouvoie parce que c'était insolent de ma part de la traiter comme mes recrues, elle doit sans doute être noble. D'ailleurs, je ne commente pas sa tenue garçonne qui ne conviendrait certainement pas à une femme de son rang, mais m'abstient de tout commentaire. Après tout, un professeur se doit d'enseigner à tous, non ?

Pas de traitement de faveur !

◦ With Earnest Wilde ◦

Si j'ai réussi à m'empêcher de crier de peur mais surtout de surprise, je n'ai pas pu m'empêcher de tressaillir. Je ne l'ai pas entendu s'approcher mais je me reprends assez vite. Du coin de l'oeil, je reconnais l'homme du parc. Comment a-t-il fait pour me trouver ici ? Me cherchait-il ? Il est derrière moi et me donne des ordres comme si j'étais... Comme si je n'étais pas une femme ! Comme mue par une volonté nouvelle, je rectifie ma posture du mieux que je peux.
Pourquoi m'aide-t-il ? Attend-il quelque chose de moi ? Malgré ma tenue, il a sûrement deviné que je suis noble. J'ai sans doute des manières qui ne trompent pas pour qui sait observer même si les cache de mon mieux. Et mon intuition, mes yeux également, me disent qu'il sait observer. Peut-être m'a-t-il remarqué au parc également. Je dois reconnaître que je ne 'étais pas particulièrement discrète. Ce n'était pas non plus mon intention...

Il dégage quelque chose d'intimidant mais cela n'instille pas la peur, au contraire. Il m'a tutoyée et utilisé un ton autoritaire avec moi. Parce qu'il enseigne et qu'il est exigeant avec ses recrues. Oui, c'est ça. Il ne me traite pas comme une femme mais comme une recrue. Cela n'a rien à voir avec le ton autoritaire absolument infantilisant du ton qu'emploierait un homme envers une femme. Les enfants ont même plus d'indulgence du fait qu'il sont jeunes et innocents, dans la société en général... Je ne parle pas ici de naïveté car apparemment les femmes le seraient aussi. Les enfants sont naïfs avec innocence et du fait qu'il ne connaissent rien à la vie. Les femmes sont naïves du fait qu'elles sont femmes et qu'une femme ne peut être qu'idiote... mais elles sont aussi manipulatrices et fourbes. Comment peut-on être idiote et manipulatrice à la fois. Je me le demande.
" Tu es malheureusement trop intelligente pour ton propre bien" m'a-t-on déjà dit...
Avec l'homme du parc, rien de tout cela ne transparait. Il corrige ma position avec une familiarité extrême. Sait-il à quel point cela me fait du bien d'être traitée en être humain et non comme une femme qui serait moi qu'un enfant ?

En parlant il fait le tour et se retrouve face à moi. Ou je me retrouve face à lui. Je peux enfin l'observer de plus près et non du coin de l'oeil. Je dois avouer qu'il est plutôt bel homme. Une force tranquille se dégage de lui et l'impression que j'ai eu de lui au parc ne fait que se confirmer.

- Comment m'avez-vous trouvée ?

Il tend sa main devant moi et le regardant dans les yeux, je ne réalise pas tout suite quel est l'objet qu'il tient. Je baisse les yeux et les écarquille. J'abandonne ma posture de combat et le saisis, n'osant pas y croire.

- Mon carnet ! Dieu soit loué, vous l'avez trouvé ! Il n'est pas perdu ! Merci.

Je réalise alors qu'il pourrait l'avoir lu... Je le regarde à nouveau, essayant de le sonder. Et c'est seulement à ce moment là que je me rends compte qu'il a oublié sa position de professeur pour retourner au vouvoiement de politesse en me rendant mon bien.

- Vous m'avez corrigée... Cela veut dire que vous allez m'enseigner ?

J'essaye de ne pas mettre trop d'espoir dans ma voix. Je frissonne tout de même. J'ai l'impression d'être en sécurité avec lui, mais... Je ne le connais pas ! Il pourrait tout aussi bien faire le contraire de ce qu'il dégage ! Il ne faut jamais se fier aux apparences. La peur de me retrouver seule avec un homme menace de me submerger quelques instants. Mais je la refoule, me demandant tout de même si je ne suis pas tombée dans la gueule du loup. N'est-ce pas un piège ? M'aiderait-il pour endormir ma méfiance ? Je n'aurais pas dû demander aussi promptement ! Je me fustige intérieurement. la femme naïve que je fais ! Ce n'est pas en continuant comme cela que je vais pouvoir prouver le contraire et me faire respecter des hommes ! Je doute l'être un jour, respectée par les hommes, mais tout de même...

J'ai du mal à m'y retrouver dans le mélange d'émotion. L'espoir que cet homme m'apprenne à me protéger... des hommes et me défendre est grand. Mais la crainte qu'il soit lui-même le danger se le partage. Tout cela estompe la joie d'avoir retrouvé mon carnet qui passe totalement au second plan.
Cela fait beaucoup en même temps et pour me donner une certaines contenance, je feuillette mon carnet, je me raccroche à cette objet, lui redonnant sa place au milieux de tout cela. Les pages noircies de mon écriture défilent sous mes doigts, me permettant de m'assurer qu'il est en parfait état et que rien ne manque. Je retiens un soupire de soulagement et mon coeur rate un battement quand au dernier moment je remarque une page qui n'est pas de ma main. J'y glisse mon doigt précipitemment pour l'ouvrir à cet endroit précis.

- Mais qu'est-ce que... Je marmonne enter mes dents, plus curieuse que outrée que quelqu'un ait osé écrire dans mon carnet.

Je regarde attentivement. ça ne peut-être que de lui ! Il a corrigé les notes que j'ai prises au parc ! Il a eu la délicatesse d'écrire sur une page vierge pour ne pas empiéter sur mon propre travail. Décidément, il s'agit là d'un homme plein de surprise ! Il y a même des schémas explicatifs et ses indicaitons sont claires, nettes et précses. Il a visiblement de réelles qualités !

Je soupire et décide de mettre de côté ma méfiance un moment. Je pourrais toujours reprendre de la distance au besoin. Je lui tends la main comme un homme à un homme. Comme si j'étais son égale. Ce que je désire être. L'égale de l'homme.

- Reese Lennox. Dis-je en guise de présentation.

Au diable mon titre ! Ici, il n'a aucun intérêt. Je ne veux aucun traitement de faveur. Je le regarde attendant la réponse.

Je me fis une claque mentale au tressaillement de son corps. Earnest, voyons ! Quel manque de délicatesse ! Quiconque aurait été surpris par cette entrée en la matière. Je suis étonné, elle se reprend assez vite et fait ce que je lui conseille, ou devrais-je dire ordonner ? De cette voix que j’utilise pour mes nouvelles recrues. Froide, direct, incontestable. Je ne saurai dire ce qui m’a pris. J’en ai oublié mes manières. Cela reste une noble tout de même ! Je ne sais pas, mon instinct m’a dit de l’aider. Quelque chose en moi voulait que cette action, aussi minime soit-elle, fasse changer les choses. Ne serait-ce que d’un pas de loup. Furtif, silencieux, mais présent. Quand sa position est passable, je lui dis juste.
-Satisfaisant.

Moi qui aime m’exprimer, pour me faire comprendre, je suis assez étonné par ce ton tranchant, sans appel. Cela semblait être un… Compliment ? Je suppose. Même moi j’ai quelque peu du mal à cerner ce propos.

C’est une noble. C’est indéniable. Ses gestes sont bien trop gracieux pour un soldat. Il y a cette délicatesse qu’elle dégage mais aussi, plus imposant encore, cette force. Pas de la force brute comme un homme avec ses muscles bien développés, mais une force silencieuse. Non, une force qui s’est tû pendant si longtemps parce que personne ne voulait l’écouter. Personne n’a daigné le faire. Earnest veut voir en quoi cette force qui n’a pu être développée, peut-elle se transformer. Se métamorphoser. Cette jeune noble est un diamant brut qui ne cherche qu’à être taillé pour devenir quelqu’un. Non, pas sous la forme d’une femme, sous la forme qu’elle aura envie que le monde la voit. Une femme, certes, mais pas que… Elle semble avoir tant à donner. Earnest veut juste lui donner cette opportunité ? Mais… Et si son jugement était erroné ? Qu’importe. Elle a bien accepté de se prêter au jeu, quand il lui a parlé de sa position. C’est qu’il n’a pas tord. Qu’est-ce que cela lui coûte d’essayer ?

Je me positionne devant elle. Je la contemple de haut en bas, pour savoir si elle voudrait, pourrait, le faire. Si mes desseins pour elle pourront se concrétiser. Mais rien ne le garantit. N’est-ce pas la beauté du risque ? Et depuis la première fois, je lui accorde un sourire calme, paisible. Mes traits s’adoucissent légèrement. Troquant mon rôle de professeur de l’armée par… Juste Earnest.

-J’allais voir si vous étiez retourné au parc pour récupérer ce qui vous revient de droit, il m’a fallu passer par ici avant d’y parvenir.

Le sourire d’Earnest s’accentue devant le bonheur évident de la propriétaire du carnet. Il aura fait une heureuse, c’est déjà cela.

-Oui, je l’ai trouvé au pied du banc sur lequel vous étiez assis.

Cette question me perturbe légèrement. Pas parce que cela soit une femme qui me la pose mais sa nature si… Franche. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si directe ! Je ne sais si c’est ma mine qui la rend à ce point… Je ne saurai dire. Hésitante ? Non. Inquiète ? Oui, c’est ce qui s’en rapproche le plus. Mais dans cette demande, j’y ai entendu un espoir muet, mais même si ses paroles ont pu me tromper, ses yeux ne peuvent me mentir… Elle le désire ardemment, beaucoup plus que moi. Tellement plus que moi. Mais elle ne me permet plus de contempler son regard, car elle pose ce dernier sur son cahier. J’avais fini par oublier pourquoi nous en étions arrivé là… Par un cahier.

Cahier qu’elle ouvre à la page écrite de ma main ! Je grimace un peu, j’espère qu’elle ne le prendra pas mal ! Dans le pire des cas, elle pourra toujours déchirer cette offense. J’attends qu’elle se décide sur ce qu’elle en pense. Mais étonnamment, au lieu de me foudroyer d’un regard outré, elle me tend la main, et se présente. Reese Lennox. Comme… Comme le Duc ? C’est la fille d’un DUC ? Et j’ai osé la tutoyer ?! Mais qu’est-ce qui m’a pris ! Pourtant… Elle ne s’est pas présentée comme étant sa fille. Je comprends mieux. Elle veut juste que je la vois pour ce qu’elle est, pas de quelle famille elle est issue, ni du sang qui coule dans ses veines, encore moins son indentité de femme. Je peux le comprendre, plus qu’elle ne le croit. J’ai été le pauvre, Wolf pour mes manques de manière, loup parce que les chiens sont dociles et obéissant, mais moi… J’étais un loup rebel, j’étais assez intelligent pour arriver à leur hauteur, voir même les dépasser, alors que j’avais plus de contrainte. Et à ce moment, tout ce que je voulais, c’était être comme eux. Noble, riche… Mais c’était impossible. Je n’aurai plus vraiment été moi si j’étais né comme eux, si j’avais été créé à partir du même moule. Mais être pareil qu’eux ne m’aurait rien apporter si ce n’est me dénaturer. Alors j’ai compris que s’ils ne pouvaient pas me voir tel que j’étais, c’était parce que personne n’a daigné s’y intéresser mais aussi parce que je n’assumais pas, je n’osais le montrer à personne… Mais ensuite, j’ai eu trois mains tendus. Daniel, Charles et Oswald… Maintenant, c’est à moi d’en faire de même, en leur honneur. Je lui serre la main d’une poigne confiante, oubliant tous les doutes que j’ai pu avoir au vu de son titre, rang, genre et me présente.
-Enchanté. Earnest Wilde, ton professeur. Donc nomme-moi Colonel Wilde. Compris ?

Il n’y rien de plus qu’une recrue et son instructeur.

Pas de traitement de faveur !

◦ With Earnest Wilde ◦

Quand je reprends mon bien, son sourire à l'air sincère bien que discret mais son expression se trouble quand je tombe sur le nouveau contenu de mon carnet. Peut-être a-t-il eu peur que je m'offusque mais je trouve cela très intéressant. Je prendrai vraiment le temps de lire correctement les instructions qu'il a noté. Son désir de partager ses connaissances est visiblement bien présent.

Je me dis que peut-être je suis vraiment tombée sur la bonne personne pour m'enseigner. Ou peut-être pas. Je le sens plus que ne le vois mais quand je demande s'il va m'enseigner, il y a de la surprise dans... je ne sais pas. Ce qu'il dégage. Pourtant sa posture est la même. Mais j'ai senti comme un geste de recul.
Je suis une femme... Sans doute la raison de sa réaction mais il est hors de question que je me démonte. Je me présente et visiblement il semble connaître mon nom. De nouveau de la surprise. Il semble réfléchir, peser le pour et le contre. Je m'attends à tout instant à ce qu'il rejette ma requête.
J'ai l'habitude que mes demandes n'aboutissent pas. Mais chaque nouvel échec pèse en peu plus sur mon coeur à chaque fois.

C'est donc avec surprise que je le vois me serrer la main avec assurance.

-Enchanté. Earnest Wilde, ton professeur. Donc nomme-moi Colonel Wilde. Compris ?

Je hoche la tête d'un geste ferme et resserre mes doigts autour de sa main. Sa poigne est franche et forte. Je doigts en faire autant pour lui montrer que je ne suis pas aussi délicate que l'on pourrait le croire.

- Compris, Colonel Wilde. Toute fois, j'ai encore une question qui je pense va déterminer beaucoup de choses pour la suite. Pourquoi ?

Je le regarde droit dans les yeux. J'ai besoin de savoir. Qu'est-ce qui le motive à m'enseigner l'art du combat ? A moi. Une femme. Une noble, de surcroit. Je sais qu'il a deviné ma classe sociale. Je n'ai pas caché ma gestuelle qui en est la preuve. Alors que cherche-t-il ?

- Pardonnez ma méfiance mais il parait qu'on ne survit pas longtemps sans cela... Pourquoi accepter de m'apprendre à me battre ? Pour tirer des avantages de mon rang ? De ma condition de femme ? Qu'est-ce que tout cela pourrait vous apporter ?

Il a été attentionné, et n'a pas l'air d'avoir de mauvaises intentions, et mes accusations sans fondement pourraient avoir des conséquences sur sa façon de me voir et de se comporter avec moi. Mais je n'ai pas le choix. Toutes bonnes intentions qu'il puisse avoir, il reste un homme. Et moi, une femme. Une proie de choix pour beaucoup de son espèce... Je me dois donc de me protéger. Et je n'ai pas pour principe de jouer dans les faux semblants quand c'est possible. Autant aller droit au but.
Je me concentre donc sur lui et sa réaction et essaye de ne rien montrer de mon appréhension.

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