Becoming frenemies [Isabella x Earnest]

Je suis parrain ! C'est une sensation incroyable, la petite Olivia est si belle. Elle a quelque petit mimique adorable ! Et je dois admettre qu'elle ressemble à Erskine. Elle a ses yeux, mais il y a beaucoup de Lily-Rose aussi. Sa petite bouille, c'est tout elle, mais miniature ! Je dois admettre que cela me fait poser des questions. Qu'est-ce que je peux bien offrir, en tant que parrain, à un gamin qui n'a pas atteint ses un an ! Un jeu en bois ? Et si elle le mange et s'étouffe ? Non ! Alors hum... Un livre ? Peut-être qu'elle aimera un compte pour enfant. Elle n'y comprendra rien, mais c'est un investissement à long terme. Olivia, la petite Princesse à son soldat servant, est-ce que j'ai déjà dit que j'étais son parrain ? Oui ? C'était pour être certain. Une histoire de princesse à la princesse, rien de plus logique ! 

Je me concentre intensément sur l'armoire qui contient tous les livres d'enfants à vendre. Hum... Il n'y a pas grand chose. C'est souvent pour les garçons, ho ! Il y a un conte sur les dragons ! Je me secoue la tête, j'ai quel âge sérieusement ? Alors concentration, une reine peut-être ? Haha ! La Reine des Cygnes. Un petit conte d'une vingtaine de pages, légèrement illustré au crayon. Outch. Le prix va me faire mal. Mais je peux me passer d'un repas ou deux pour l'éducation d'Olivia. Après tout, je suis son parrain. 

J'étais tellement pris dans mon choix de cadeau pour ma filleule que je ne me suis rendu compte que plus tard que je dérangeais une dame, je n'avais pas entendu ses raclements de gorge. J'étais en plein milieu de son passage. Quel idiot, j'aurai dû faire attention ! Je m'écarte brusquement, comprenant mon erreur après qu'elle m'en ait parlé. Je passe une main dans mes cheveux, signe que je suis mal à l'aise. 

-Je vous présente mes plus plates excuses, milady. 
Dis-je sincèrement avec un hochement de tête. Milady, n'est-ce pas ? Elle me semble des plus nobles... 

Puis je redresse mon corps, dos droit, tête haute. Position militaire. C'est devenu une habitude. J'ai fait cela de mes 18 ans à mes 25 ans. C'est encré sous ma peau maintenant. D'autant plus que je porte mon uniforme, avec mon insigne Colonel ! Je suis invité par Swan à une soirée, quelque chose comme ça, il m'a demandé de me mettre sur mon trente et un. Après tout, c'est la haute noblesse que je rencontrerai. Je n'en ai pas envie, pas le moins du monde, mais Swan est mon ami, et je sais qu'il a peur d'y aller seul. Il n'aime pas la solitude. Je l'ai toujours vu accompagné de quelqu'un. Et pour être honnête, je n'ai pas beaucoup d'habits très... Aristocratique. Mon uniforme, c'est le max que je puisse faire. J'entends déjà Swan en faire tout un plat ! 

-Vous êtes dorénavant libre de passer puisque je ne suis plus sur votre chemin. 

Tandis que je m'étais écarté, je ne l'ai pas vu faire un seul pas pour me contourner et passer sur le chemin qui était maintenant libre. J'espère qu'elle ne changera pas d'avis et qu'elle ne fera pas demi-tour, et que cela ne soit juste pour me narguer ! Cela serait le comble !

Ce sourire vicieux sur ses lèvres ne me dit rien qui vaille... Je lui fais comprendre avec un regard méfiant, attendant son commentaire acerbe. C'est une question tout compte fait, non sans méchanceté, évidemment. Qu'aurais-je pu attendre de cette... Voyons, Earnest. On ne s'en prend pas à une femme, aussi vieille, méchante soit-elle. Sans doute qu'elle doit s'ennuyer, il suffit de ne pas entrer dans son jeu. 

Un sourire, le plus sincère, que je puisse lui offrir prend place sur mes lèvres, ces dernières répondent. 
-Je n'occupe plus le passage qui était votre Lady, c'est tout ce qui devrait vous importuner. Cependant Madame est trop bonne de penser à autrui, cela doit être un évènement rare que je ne peux que respecter. 
Est-ce que j'insinue qu'elle est égoïste et que je sais pertinemment que cette question n'a que pour but de m'agacer ? Je vais me gêner tiens ! 


-Dormir la conscience tranquille ? Qui vous a dit que c'était bel est bien le cas ? Non non, je me meurs chaque jour en pensant cela. Je ne vis que pour ceux auquel je tiens, sans doute est-ce égoïste, mais cela le serait d'autant plus vis à vis d'eux s'il advenait que je disparaisse. Pour ce qui est de l'accoutrement, je n'avais que cela à mettre de respectable, enfin "respectable", nous nous comprenons. Après tout, vous détenez plus de richesse que je n'en posséderais jamais, mais ne vous inquiétez pas, cela ne me dérange de vous voir exhiber votre fortune à l'aide de vos vêtements coûteux et hors de prix. Et moi, je suppose que vous attendez à ce que tout le monde salue votre sollicitude et votre générosité ? Donc permettez-moi de le faire, vous êtes trop bonne et généreuse Milady. Et pour répondre à votre question, je dirai autant de centaine d'argents que vous avez donné au plus démunis, mais je dois admettre que ce n'est qu'une estimation grossière. 
Le début est un peu théâtral, je l'admets. Mais durant mes paroles, je lui accordais un sourire sincère et sympathique. Rien ne laisse présager la moindre trace de sarcasme ou d'ironie, absolument rien. 

Si ce ne sont mes pensées. Pourtant je ne rentrerai pas dans son jeu. Elle ne vaut pas mieux que ces gosses de riches qui essayaient de m'intimider dû mon statut de pauvre, sans titre de noblesse, sans terre, sans richesse. Sans rien. Cela ne m'a jamais atteint enfant, d'un geste de la main, je balayais leur parole dégradante, donc adulte, je balaye cela part un sourire des plus convaincants et chaleureux.

Ho comme je me suis délecté de sa grimace, signe d'une irritation constante envers mes dires. J'essaie de dissimuler mon sourire narquois en sourire compréhensif et poli. 

-Je suis bien d'accord avec votre point de vue, au combien véridique, nous ne sommes pas comparables. Je ne suis pas né au même rang que le votre. Vous avez eu plus de chance que moi dans cette roue du hasard. Dieu n'y est pour rien, c'était un pur hasard et non un mérite, puisque vous n'étiez pas encore née. Comment jugez quelqu'un qu'il mérite ce qu'il possède sans le savoir né ? Non, ce serait riddicule.
Fis-je humblement, sans offense, sans provocation.  

-Mes plus sincères condoléances.  -J'étais évidemment au courant, mais pour une endeuillée, elle était des plus... Garce-. Affichez votre deuil ainsi dans cette toilette au combien coûteuse, parce que je doutes que vous vous seriez affichée dans une tenue d'endeuillée la moins chères, cela ne serait pas digne de vous et de votre rang, je comprends. Maintenant que vous m'y faites penser, oui, c'est vrai, j'ai été égoïste, merci de m'avoir remis sur le droit chemin, Madame, je veillerai à prendre exemple sur vous et votre bonté. Cependant penser aux autres n'est pas mon devoir, je dois juste les défendre, enfin, mes excuses, faire semblant de les défendre, nous savons tous les deux que sur les champs de bataille, nous les soldats, nous ne servons à rien. 

-Quel idiot, j'aurai dû m'en douter, c'est une honte que j'ai étudié à Eton, vous savez, l'école d'élite uniquement pour garçon ? Je suis sûr que le fait que j'ai été pris en charge par une bourse n'est qu'un pur hasard. Un coup de chance ! Ou alors, moi et tous qui viennent d'une condition de vie réservé au infortuné, ils n'ont pu m'égaler. Vous imaginez ? Les hommes offrant une bourse se sont sans doute trompés dans le résultat. Mais que dis-je !? Les nobles ne se trompent jamais, non non, ce sont juste nous, nous étions si stupides que nous avions guère pu faire mieux. J'ai été choisi parce que dans votre immense bonté, vous les riches, vous avez accepté de payer mes études. Je ne suis absolument pour rien. 
Continuais-je, mes paroles devenaient de plus en plus grotesques. Tellement que j'avais envie d'en rire ! Le plus absurde ? Je suis certain qu'elle y croit ! Non pas que je sois sincère, c'est voulu, mais qu'elle pense que mes paroles soient véridiques. 

-Cependant si vous offrez la moitié de votre fortune à chaque fois, ne seriez vous pas pauvre à l'heure qu'il est ? Vous n'êtes plus toute jeune et je suppose que vous avez passé votre vie à donner la moitié de votre fortune au plus démunis ? Oh, pitié. Ne parlez pas de justice, vous savez que le monde est injuste. À moins que cela ne soit seulement les pauvres qui disent cela et que mes propos soient subjectifs ? Éclairez-moi dans votre immense sagesse, Milady. Mais, hum... Non. Je ne voudrais pas abuser. 
Dis-je à la fin, faussement incertain. Sachant que de toute manière, elle ne saura jamais se taire. Tombe dans la gueule du loup, petite brebis. Quoique tu diras, je serai d'accord avec toi en abordant le plus vrai faux sourire que je puisse faire mais avec une ironie muette que tu t'imagineras.

Je lui offre un sourire poli alors qu'elle m'insulte. Je dois l'avouer, elle m'amuse. 

-Je souille l'uniforme que je porte ? Hum... Je vous remercie de vous en souciez mais ne vous inquiétez, il l'était déjà. 

Mon sourire reste le même, on pourrait même imaginer une auréole au dessus de ma tête tandis que les propos que je dis contraste mon apparence. Je me demande, si le sang que j'ai fait verser n'est pas mérité, alors celui que j'ai versé l'était ? Oui, sans doute est-ce cela qu'elle insinue. Je souris de plus belle. 

-Les personnes qui travaillent mérite le temps d'une pause, ne pensez-vous pas ? D'ailleurs, en parlant de fils, vous semblez avoir beaucoup d'expérience avec les enfants, savez-vous ce qui conviendrait à un nouveau né ? Une fille en particulier. J'aimerais en faire cadeau à la mère. 

Je détourne la conversation. En bonne chrétienne, elle va m'aider, non ? A moins que cela ne soient que des paroles en l'air qu'elle proclame depuis tout à l'heure ? Je me moque qu'elle me pense incapable d'entrer à Eton, que j'y suis allé ou non. Elle ne me connait pas, son jugement est fermé, étriqué. Elle me ferait presque de la peine. Presque. 

-Prêtre ? 
Je fais les gros yeux, de manière exagérée. 

-Moi ? Comment avez-vous dit cela déjà ? Ha oui, "Hérétique athéiste". Vous oseriez confier cette responsabilité à un homme de ma nature de prêcher la parole de Dieu ? Vous êtes certaine de ne pas faire erreur dans votre jugement ? 

Je penche la tête sur le côté, presque comme un enfant quand il ne comprenne pas quelque chose. 

-Et vous, lady ? N'avez-vous jamais pêché ? 

Je lui demande cela d'un ton calme, sans jugement ni accusation. 

N'en pouvant plus, j'éclate de rire. 
-Pardonnez-moi mon impolitesse. 

Je ne peux empêcher mon rire de continuer. J'ai fait de mon mieux pour contenir mon amusement, mais là, je n'en peux plus ! 

-Cette bâtarde, comme vous la nommez, c'est ma filleule. Je ne ferai pas l'affront de mettre au monde un enfant. Comme vous l'avez si bien fait remarqué, ils sont innocents et méritent tous un bon père. Je sais pertinemment que je n'en serai jamais un. 

Je pourrais mourir pour ces enfants qui ne naîtront jamais, devenir leur bouclier mais je ne peux empêcher ces gamins de se prendre des coups. Je me refuse de les perdre alors... Je ne peux pas perdre ce que je n'ai jamais eu. Pas vrai ?

Cette moue ne me dit rien qui vaille... 
Et j'avais raison de m'en méfier ! Me voilà avec des paroles dites d'un homme qui n'a sûrement pas existé citées par une vieille femme qui y croit un peu trop pour son bien... 

Quoique... La croyance a sauvé bon nombre d'hommes sur le champ de bataille. Je ne peux le dénigrer à ce point. Il est de mon choix de ne pas y croire mais il est de mon devoir d'humain, plus ou moins civilisé, de respecter les croyances des uns et des autres. Mais Dieu, Jésus ou que sais-je, n'est pas juste une excuse ? Une excuse pour utiliser le bon comme le mauvais. 

Pour tuer. 
Pour trouver la force, la courage de sauver au péril de sa vie. 
Pour se faire pardonner de fermer les yeux. 
Pour aider son prochain. 
Pour... 

Des milliers de raisons, aussi bonnes que mauvaises. 

Alors, est-ce une bénédiction ou une malédiction ?  

Elle me ferait presque rire. "Par la grâce de nos actions charitables, par la prière, et par la mortification". Se battre pour sa nation, n'est-ce pas charitable ? Et les prières, bon nombre de gens prie pour ma personne. Pour me faire pardonner ? Pour me protéger ? Je ne sais guère. Mais je pense que cela compte tout de même, parce qu'à Dieu, je n'ai rien à dire. Tout a déjà été dit. Pas par moi. En ce qui concerne la mortification, j'en eu plus qu'assez ma dose, et sans vouloir me repentir de quoique ce soit. Je n'imagine même pas quand cela sera le cas ! Pas que cela arrivera un jour. 

-Je vais vous croire sur parole. Je vais y réfléchir. 
Evidemment que non, tout a déjà été réfléchi. De long, de large, bien avant ce jour. 

Des cours de catéchisme ?! J'écarquille mes yeux, peut-être la première réaction honnête que j'ai dans notre joute verbale. Puis reprenant contenance, je lui accorde un sourire. Légèrement crispé, mais il est là. 

-Si vous le permettez, je vais garder mon athéisme démoniaque. La communauté anglicane ne m'attire pas plus que de raison. Cependant je vous remercie gracieusement pour cette offre des plus... Aimables. 

C'est d'ailleurs étrange qu'elle me propose de passer plus de temps avec elle alors qu'elle est... Je ne sais pas. Enfin je me comprends. 

Qu'est-ce qui lui prend d'un coup ? Elle me regarde bizarrement. Il n'y a rien d'étrange à ne pas vouloir faire d'enfant. Cela évitera nombreux supplices à la femme qui devra en souffrir, de cette naissance. Et si... Et si pour la vie de l'enfant, il fallait sacrifier la vie de la mère ? Non, il refuse d'y penser. 

Je suis agréablement surpris qu'elle me réponde. Je croyais qu'elle ne le ferait pas, par pure provocation ou quelque chose dans comme ça. 

J'écoute avidement ses conseils, beaucoup plus avisés que ce passage "Reviens chez les Chrétiens". Au coin de ma tête, je note tout ce qu'elle vient de m'apprendre sur les bébés. Avec un sourire, je lui offre toute la gratitude. Je ne m'en sortais plus ! 

Et, pour la première fois, je le dis sincèrement. 
-Merci.