Tout feu tout flamme - avec Edgar DENVER

Edgar regarde des papiers des papiers et encore des papiers ! Il déteste cela. La paperasse est bien ce qui l'incombe le plus dans son métier. Enfin, peut-il nommer cela "Métier" ? Il en vit, c'est indéniable, mais dans la légalité ? Cela reste à voir. Ou pas. Vaut mieux pas en fait. Il soupire une énième fois. Les chiffres des ventes d'armes et de poisons, combien est-il censé avoir dans la caisse, Edgar a confié cette tâche au "gérant". Qui n'est autre qu'un de ses hommes qui sait calculer et écrire. A première vue, un fugueur. Mais ce n'est pas Edgar qui va juger. Le compte rendu est précis, pour ce qui est du bordel, il doit aussi faire les comptes. C'est la tenancière qui s'en charge mais il ne lui fait pas confiance, il calcule lui-même les gains, le déficit entre ce qui aurait dû être là et ce qui est là... 

Tant de chiffres. Il déteste. Il sait. 

Il ressemble à un gamin. 

Il soupire, pris dans sa concentration, il grogne un peu en entendant une voix qui vient l'interrompre. A l'entente de ce dénommé Erwin, la première chose qui lui vient à l'esprit est que ce Henkins est, soit suicidaire, soit complètement inconscient. C'est un gars du bordel rival. Enfin, rival, plus pour longtemps ! Que ce soit l'un ou l'autre... 

Sans lever les yeux de ses feuilles, il lui ordonne posément. 
-Entre. 

Tout en lui lançant un couteau, toujours sans lui accorder le moindre regard. Il aurait pu le tuer. Dommage, il ne l'a pas fait. Au son, il sait que le lame s'est planté sur le mur juste à côté de lui, mais il est certain qu'il l'a raté de peu. 

-Sache que pour toi... 
Fit-il en comparant les ventes à l'argent récolté.

-Ce sera M.Denver. 
Petit rappel à l'ordre pour cet inconnu qui déboule de nul part. 

Il soupire, lassé. Et dit simplement. 
-Si tu veux me tuer. Fais vite. 

Il n'a pas que ça a faire.

"Entre."
Un ordre simple. Pas de fioritures, le ton est sec et direct. La voix d'un chef. Confiant, Erwin ouvrit la porte... et recula brusquement d'un pas, ce qui lui sauva probablement la vie. Indécis il regarda le couteau vibrer dans le mur. Ah, il avait donc un point commun avec Denver. La maitrise du couteau, c'était un point important chez Erwin. Depuis la mort de son père (voire même avant), Erwin s’était perfectionné, amélioré et plus personne n’osait le défier sur ce domaine.
Erwin regarda vers le bureau. Denver semblait plongé dans des papiers. Mais il était assez alerte pour tenter d’assassiner son visiteur ! Erwin retint un sourire quand Edgar lui annonça que pour lui c’était « m. Denver ».

« Bien, Mister Dever. Vous avez perdu quelque chose. »

Tchac. Le couteau se planta dans le seul endroit où on voyait encore le bois du bureau. Erwin avait à peine bougé. Mais avec un sourire, il sortit de nouveau son propre couteau. Il le fit tourner d’une main leste avec un sourire.

« Je ne viens pas vous tuer, Mister Denver. Je viens... »

Tchac. Le poignard rejoignit son semblable sur le bureau.

« … Je viens plutôt mettre mes armes à votre service. Pourquoi ? Parce qu’avec vous j’ai plus d’avenir qu’un simple gardien de bordel, bien que je veuille bien commencer chez vous par ce poste. »

Il avança d’un pas, ferma la porte, encore un pas, assez loin du bureau.

« Mon petit doigt m’a dit que mon bordel est sur la liste pour crâmer. Je peux être utile. »

Voilà il s’était livré. Et il se retrouvait avec un couteau dans sa botte, donc pas désarmé, mais sa lame préférée avait ponctué son offre. A Denver de décider s’il avait été trop insolent. Erwin était prêt à se battre pour sa vie.

Edgar ne bouge pas d'un cil quand il entendit les paroles de ce nouveau venu, ho il pourrait en mourir. C'est certain, mais il pense s'en sortir, il aura surement une blessure, à l'épaule peut-être. Qu'importe. Étonnement, la lame ne le touche pas, il s'enfonce juste dans cette espace restreint, libre de tout papier sur son bureau. Autant le mur, à la rigueur, mais le bois. Tss. 

-Ce n'était pas perdu. 
Dit-il, retirant la lame de son bureau pour la mettre dans un étui, avec d'autres couteaux, bien que différents. 

-Juste raté. 

... 

Sérieux ? Il venait juste de retirer l'autre ! 

-Perdu aussi. 
Fit-il en laissant la lame là, il ne va pas s'amuser à ramasser toutes les choses perdues sur son bureau ! 

Pour la première fois, il relève son regard pour rencontrer les yeux de son interlocuteur. Le visage d'Edgar est fermé, ne montrant aucune émotion, il n'a pas le sourire aux lèvres, son regard ne démontre absolument rien. Seul le soupire désabusé de ses lèvres trahit son ennui. 

-Non. 
Il retourne à ses feuilles, son intérêt, insinuant que l’intrus doit partir. Bien qu'il ne soit pas du genre à parler. 

-Tentant... Toujours non. 

Un nouveau venu ne serait pas utile mais... S'il était prêt à dire qui lui avait donné cette information... 

-Donne-moi le nom de ton informateur. 

Et il consentira peut-être à laisser une chance à ce certain Erwin. Bien sûr, il ne promet rien.

[ltr]Erwin est sur les nerfs - c'est comme ça qu'il survit. Edgar est franc:pas perdu mais raté. La vie du jeune homme n'existe que sur le fil de son couteau, qu'il lance sans prévenir pour qu'il s'enfonce au même endroit que le premier.

"Pas perdu, au contraire. Je visais cet endroit. Regardez la marque. J'évite de rayer votre bureau plus que nécessaire."

En effet, le couteau s'était planté pile dans la première marque. Edgar n'y toucha pas. Erwin ne la réclama pas - pas encore. Il avait enfin une victoire: Denver le regarda. Il n'était guère accueillant ou bienveillant. On ne lisait rien sur le visage lisse sauf peut-être de l'ennui. Un soupir lui échappa et confirma l'hypothèse. Voilà qui n'était pas engageant. Erwin voulait un minimum intéresser cet homme, pas l'ennuyer. Et le verdict tomba, attendu: non.
Sauf que bien sûr, Erwin n'allait pas s'arrêter là.

"Non , bien sûr. Dans ce cas je récupère ma lame, si vous le permettez."

Le jeune homme s'approcha un peu du bureau, prêt à se baisser ou esquiver tout ce qui pouvait venir du boss. "Tentant .... toujours non." Mais Erwin n'allait pas abandonner 12 ans de recherches.
Soudain il sourit.

"Je ne vous donnerai le nom de mon agent que lorsque vous m'aurez accepté dans la *famille*. Il m'est trop utile pour le moment pour que je le dévoile, et il me sera inutile et dangereux de le laisser en vie si vous m'acceptez. Voyez mon dilemme: une vie d'homme contre mon couteau."

Il sourit:

"De plus il pourra être utile tant que vous n'avez pas rasé le bordel..."[/ltr]

-Hm. 
Répondit Edgar. S'il avait été plus éloquant, le boss aurait sans doute dit "Quelle délicate attention" remplit de sarcasme. Enfin cela, c'était seulement si Edgar était du genre à parler pour rien dire. Or, ce n'est pas le cas.  

Edgar ne peut tout de même pas nier le talent de cet inconnu. Ce dernier n'avait pas froid aux yeux. Un sourire naquit sur les lèvres du plus âgé pour être vite effacé en voyant l'état de son bureau. Quel connard tout de même. Il n'empêchait que ce ne serait pas un mauvais atout de l'avoir dans ses rangs. Il était doué, ce connard. Et visiblement très obstiné. Malgré un non catégorique, il persévérait. 

-Hm. 
Fit Edgar pour toute réponse pour retourner à ses papiers, croyant l'affaire réglée. Le gamin allait reprendre ses cliques et ses claques et point barre. Ce fut sans compter sa réponse, qui fit esquisser un sourire sur les lèvres d'Edgar. 

Enfin de compte, peut-être ce gosse n'était pas aussi dénué d'intérêt qu'Edgar le croyait. 

Le boss ne pouvait guère en vouloir à ce nouveau venu. Il aurait sûrement eu les mêmes propos. Bon, peut-être un peu plus condensé, mais les mêmes. 

-Brûle-le. Et j'accepterai. Peut-être. 

Brûler... L'agent ou le bordel rival ? Telle est la question... Peut-être les deux.

La tentative de sourire de Edgar n'échappa pas au regard précis de Erqwin,pas plus que la colère devant les "dégats" du bureau. Il aurait pu abîmer le mur, mais un bureau se remplaçait alors qu'un mur avait plus de mal à se faire abattre et reconstruire. Tout était calculé, évidemment.


Les "hum" peu engageant d'Edgar ne faisaient pas fuir Erwin. Il avait toute la volonté du monde dans le poignet qui lançait les couteaux... allumait les feux de joie le soir... ou au petit matin.


Il ne désespérait pas d'ouvrir les yeux à son futur employeur - car il le serait d'une manière ou d'une autre. Si cet entretien ne finissait pas comme Erwin le souhaitait, il trouverait un autre moyen de se faire repérer et engager. Il avait toute la patience du monde, lui qui protégeait les putains depuis des années. Il avait tout pour plaire à Edgar - dans le sens métier, pas physique - il le savait et ne se laisserait pas piétiner comme ça. Il tenta encore un écart et là, le sourire fut plus visible. Victoire? Soudain le mec parla. Sa voix contrastait presque avec son visage mais les mots qui sortaient étaient directs et totalement sibyllins.


Erwin décida de ne pas décider tout de suite du sort de son agent. Comme il l'avait dit il en avait encore besoin. Notamment s'il devait brûler son bordel ce soir.

"Très bien. Merci pour votre temps."

Et Erwin tourna les talons presque militairement, ouvrit la porte, sortit et.... souffla bruyamment, le stress sortant par tous les pores de sa peau. Il avait une mission, bien qu'elle soit trouble et difficile. En effet, s'il acceptait de brûler le bordel concurrent, il ferait d'abord sortir les petites soeurs... Cela compterait peut-être négativement dans son contrat, mais les putains pourraient se réfugier ici aussi. 


Erwin rangea son couteau. De nouveau maître de lui-même il fit le chemin inverse. Bizarrement, personne ne l'arrêta cette fois-ci. Les regards étaient même plutôt admiratifs. Il avait osé!

***

Le lendemain matin à l'aube une demoiselle de peu de vertu se présentait pour déposer une missive à l'intention de Edgar.

" Bordel brûlé et noyé dans la Tamise, comme promis. Attends réponse favorable désormais. Et je vous livrerai mon agent."

C'était très mal écrit mais compréhensible. C'était signé d'un couteau. Caché dans l'ombre, Erwin attendait le retour de sa colombe.

Finalement le gamin était parti, laissant Edgar continuer ses tâches administratives. Il était bien évident que le bordel rival était une épine dans ses projets. Un problème qui, si ce... Comment se nommait-il déjà ? Qu'importe. Si l'autre hypothétique future recrue arrive à le réduire, ce sera sans aucun doute, un problème passager. Bien sûr, Edgar prévoyait de s'en charger lui même mais s'il peut déléguer, c'est encore plus simple. Surtout que la personne qui effectuera ce geste ne sera pas un homme d'Edgar, ce sera dans leur propre rang que germera la flamme de la trahison. Lupas n'aurait à en découdre de rien, après tout, ils n'ont rien à voir là dedans. Ensuite, faute d'emploi, le traître est venu à ses côtés. Le véritable soucis est que s'il a déjà trahi une fois, qu'est-ce qui l'empêcherait de recommencer ? 

Le lendemain, il a reçu des nouvelles d'une putain. Une lettre désignant clairement que la mission était accompli. Il est efficace mais Edgar reste tout de même septique. C'était trop rapide. Assez pour que quelqu'un puisse faire le rapprochement entre la rencontre du Boss avec le bleu et le bordel rival qui a brûlé mystérieusement... Tss. Trop impatient de faire ses preuves qu'il en oublie d'utiliser sa jugeote. Tant pis. Ce qui est fait est fait. 

Il répond, sur la même missive envoyée par un "Viens.", autant dire qu'il a su trouver facilement de la place pour écrire ces mots. Et non, autant dire que même à l'écrit il reste très radin sur ses mots... Il aurait peut-être écrit plus s'il n'avait pas de grandes difficultés à user de sa main puisqu'elle était blessée et bien amoché. Certainement des os brisés qui n'ont jamais réellement pu se rétablir. Va savoir. 

Il renvoya la putain par un : 
-Dépêche. 

Il suppose qu'elle allait directement revoir le jeune gamin qui lui avait confié cette mission. Edgar comprend vite que ce n'est pas une de ses putains, le Boss les sélectionne avec soin. Le gamin en aurait-il sauvé quelques unes ? Tss. Il devait avoir une petite discussion avec ce morveux. Mais au moins, il connaîtrait l'agent qui avait trahi. Edgar pourra l’exécuter devant tout le monde afin d'apprendre la leçon.