Ton destin est déjà scellé. (Reese et Friedrich)

Ton destin est déjà scellé.

◦ With Friedrich v. Hohenzollern ◦

A l'époque, du haut de mes neuf ans, je ne comprenais pas vraiment l'importance de ce qui allait se jouer. Tout le domaine avait été en effervescence jusqu'à notre départ, les parents et moi plus quelques domestiques, ainsi que ma nourrice.

- Pourquoi toute cette agitation ? Avais-je alors demandé.

Mon père m'avait répondu en souriant.
- Nous allons voir des amis, ils rêvent de te rencontrer et te présenter leur fils. Toutes les leçons que tu as eu dernièrement sont dans le but de cette rencontre, ma chérie. Tu ne l'as pas oublié ?

Non, bien sûr que non, je ne l'avais pas oublié. Mais je ne comprenait pas pourquoi tant d'excitation. Quand on allait voir d'autres amis lors de réception, il s'agissait surtout d'ennuie et de calme mortel et politesse à l'extrême. J'avais soupiré. Encore cette histoire de prince étranger. Ne pouvait-on pas aller voir le prince de notre propre pays ? Cela aurait été moins long, comme trajet...

Et en effet, il avait été interminable. Je ne m'en souviens pas vraiment. Il me semble que j'avais beaucoup dormi. C'était la meilleure chose à faire pour passer le temps.
J'ai de vagues souvenirs que nous avons été reçus en grandes pompes. Après de présentations rapides, on nous avait conduit dans nos appartements, où nous avions eu quelque temps de repos avant de commencer à nous préparer pour le diner.

Ma nourrice m'avait préparé ma nouvelle toilette pendant que je me lavais. Mère était venue vérifier que tout se passait bien. Ce n'était pas dans ses habitudes alors qu'elle avait entière confiance en ma nourrice pour ce qui était de bien me présenter. Il était évident qu'elle était nerveuse et j'avais beau l'interroger, elle me disait que tout allait bien. Mais je ne la croyais pas. Son sourire semblait factice.
Elle avait passé la main dans mes boucles.

-Tu es magnifique, ma petite chérie. Bien, souviens-toi de ce que tu as appris et sois gentille avec le Prince. Si tu fais comme on te l'a appris, tout devrait bien se passer.

J'avais hoché la tête, gardant le silence. Elle m'avait alors regardé avec une émotion étrange sur le visage.

- Tu sais, on est fier de toi, ma chérie.

Souriant surtout pour la rassurer, je lui avais répondu que j'allais faire de mon mieux pour convenir au Prince Friedrich von Hohenzollern.

- Mais s'il ne m'aime pas ? Avais-je ajouté.

Mère avait plissé les lèvres comme quand elle est contrariée. Avais-je dit quelque choses qu'il ne fallait pas ? Père m'avait pourtant appris à envisager toutes possibilités.

- Il t'aimera. Le but de votre rencontre est tout de même de vous unir quand vous serez en âge de vous marier. Tu es notre fille, cela ne peut que aller dans ce sens.

Comme elle avait répondu un peu sèchement, je n'avais pas insisté et l'avait longuement regardée. "Tu es notre fille." Elle avait eu une intonation toute particulière, à ces mots qu'aujourd'hui encore je ne sais expliquer. Elle avait esquissé un dernier sourire crispé puis était repartie.

Je n'avais pas compris alors que j'étais une monnaie d'échange contre le prestige de notre famille. Je n'avais pas compris tout ce qu'impliquait pour une femme d'être mariée. J'étais encore naïve, bercée aux histoires merveilleuses où un beau prince valeureux et courageux, vient sauver sa belle princesse.
Est-ce que le prince allait me sauver ? Mais me sauver de quoi ? Je me répète mais j'étais vraiment naïve et l'esprit fait d'illusions et de fausses croyances.

C'est un peu plus tard qu'on m'avait plus longuement présentée au Prince. C'était un garçon frêle, au teint pâle. C'était donc lui le prince que je devais rencontrer ? Je m'étais retenue de faire la moue pour ne vexer personne: Il n'était pas désagréable à regarder mais il n'avait absolument pas l'air du prince charmant capable de sauver sa princesse. On aurait plutôt dit que c'était à sa princesse de le sauver !
J'avais sourit aussitôt. Ce n'était pas de sa faute, s'il était comme ça. Et puis, s'il n'était pas charmant (a entendre ici en terme de vigueur et de force), il avait au moins la qualité de prince et surtout, celle de m'avoir inspiré une nouvelle histoire que j'avais hâte de coucher sur papier !
Une princesse qui allait sauver le prince ! Cela serait original. Le succès serait garanti ! Nous pouvions donc bien être amis !

Je m'étais détendue quelque peu et comme il avait l'air timide, j'ai fait le premier pas. Je n'étais pas à l'aise, mais si je ne faisait rien nous aurions tout à fait pu rester à Londres que cela n'aurait rien changé ! Je me rappelle avoir vu une immense bibliothèque, un peu plus tôt. Je n'avais fait que passer devant mais déjà elle attisée en moi une jalousie que j'ignorais alors posséder.

- Ils sont à vous, les livres de la bibliothèque ?

J'avais appris l'allemand mais je ne le maîtrisais que juste assez pour avoir une conversation et surtout, comprendre. Je n'étais pas sûre de mon accent qui devait rendre la compréhension difficile. Il me manquait quelque vocabulaire également. J'aurais été bien plus à l'aise dans mon bon vieil anglais.

Accomplir son devoir. C'était ce qu'ils n'ont eut de cesse de me répéter, inlassablement, encore et toujours. Ils. Ce sont mes parents, le Roi et la Reine de Prusse. D'éminentes personnes, n'est-il pas ? Je le pensais aussi. Je les voyais toujours de loin, me tournant le dos, parlant de chose de grands que je ne comprenais pas encore. Parfois, j'en oubliais presque qu'ils étaient du même sang que moi. Ils étaient si... Lointain. Je ne les voyais que rarement. Je ne les connais que de titre, Roi et Reine. Pardon, je voulais dire Père et Mère... Je ne peux nier qu'ils accordent plus d'attention à mon premier frère aîné, le deuxième semble en être jaloux. Ce n'est pas mon cas. Je me suis résigné à n'être qu'un pion dans leur machination. Quel triste destin. Est-ce cela, le destin d'un Prince ? Je dois admettre ne pas en vouloir mais, hé bien, je dois accomplir mon devoir, non ?

J'avais onze ans à notre rencontre, entre Reese et moi. Dans le château qui était mien, du moins j'aimais à le croire, sans doute pour combler le fait que je ne m'y sentais pas chez moi. Il y avait de l'agitation dans les couloirs. C'est souvent le cas, je ne m'en formalise donc pas. De nombreuses personnes viennent séjourner tous les mois en nos murs. Je m'étais assoupi dans mes révisions d'anglais, sur mon bureau en bois. Je pense que c'est du chaîne, cet arbre connu pour être le plus robuste, mais je dois avouer ne pas en être certain. C'est rare pour moi, les siestes, même le fait de dormir tard est prohibé à mon moi adulte, je ne sais plus la dernière fois que cela m'est arrivé ! Pourtant, ce jour là, à cause du remue-ménage, les servantes m'ont oublié.

Elles m'ont oublié ! Oui, je suis consterné ! Des trois Princes, je suis leur préféré, celui à qui elles donnent des friandises en secret, celui à qui elles disent des mots digne d'une mère, du moins c'est ce que je suppose d'après des livres que j'ai dû lire, à qui elles offrent toutes leur attention. Comment est-ce possible ? Aujourd'hui, est-ce un jour important ? J'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose. Mais non, rien ne me vient. La plupart du temps, je m'en souviens quand une rencontre est prévu. Il n'y a qu'une seule possibilité, personne ne m'a rien dit.

J'entends dans le couloir Annabelle et Sarah, deux servantes personnelles à mon service parler.
-J'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose... Pourtant j'ai tout fait dans la chambre de la petite invitée, changer les draps, nettoyer la pièce. Elle s'est d'ailleurs installée pour se reposer, le voyage fut exténuant pour el~

J'imagine, grâce au ton de voix, le visage horrifié de la dame qui lui coupe la parole brusquement.
-Le prince !
-Qu'y a-t-il avec le Prince ?
-Nous avons oublié de préparer le Prince !

Ha, je le savais que j'avais raison. Elles m'ont oublié !

Mes portes se sont ouvertes brusquement, deux femmes au souffle court m'ont crié, supposant que je m'étais endormi, ce qui était le cas puisque normalement je suis dans la bibliothèque à cette heure-ci, endroit qu'elles sont allées vérifiées avant de venir me crier dessus avec un :
-Jeune Prince, réveillez-vous !

Elle regarde le lit, je n'y suis pas, évidemment. Je me lève de ma chaise de bureau et leur répond.
-Je suis déjà réveillé, cessez d'irriter mes oreilles de vos voix criardes.

Elles prennent un regard honteux, s'excusant en courbant le dos, elles me lavent puis me changent dans des habits très sophistiqués. Étrange, la plupart du temps, elles me demandent ce que je veux porter. Je soupire. Ordre du Roi ou de la Reine, je suppose. Ils sont tellement occupés qu'ils n'ont pas pu me prévenir ? Je déteste que ma routine soit brisée sans prévenir. Sarah, ou est-ce Annabelle, le sait bien et s'excuse à profusion face à ce rendez-vous impromptu.

Soit. Je leur pardonne, je les aime bien. Leur regard et leur sourire semblent lumineux. Je roule des yeux, pas besoin d'en faire autant non plus, leur dis-je, ce qui leur fait éclater de rire. Je ne partage qu'un simple sourire, je ne peux être ami avec des... Des ! Enfin je me comprends.

Un valet m'accompagne, un de mes frères me taquinent avec un "Vous allez voir votre fiancée ?". Fiancé, moi ? Non ! Il en est hors de question. Et j'ai lu à ce sujet, elle ne peut être déclarée comme étant ma fiancée à mon âge et encore moins sans qu'elle n'accepte ma demande ! Cela ne me préoccupait pas tant que cela, à mes 11 ans. J'avais beau être intelligent et perspicace, je ne savais pas ce que cela impliquait réellement. Je devais simplement me contenter de faire mon devoir, mon frère m'a expliqué qu'il connaissait déjà sa future femme, elle avait son âge, belle et silencieuse.

Je ne la voulais pas comme cela, belle, sans aucun doute, mais silencieuse ? Hum, non. Je n'aimais pas cette idée. Avec qui vais-je avoir une longue conversation passionnante ? Je veux être diverti ! Et si c'est pour toute la vie, autant que cela ne soit pas ennuyant.

Je l'ai rencontrée. Elle semble... Jeune. Je vais épouser cette chose ? Hum... Voilà qui est déconcertant. Ce n'est pas avec elle que je vais avoir d'intéressantes discussions, encore moins maintenant. Tss. Elle est une chose mignonne. Un peu trop active, sûrement dû à son âge. Pour ma part, je reste stoïque, il est hors de question que je fasse le premier pas ! Je me sens fatigué. Une longue journée, si je me suis endormi, c'est bien pour une raison. Je ne l'avais pas remarqué dans toute cette agitation, mais je me sens un peu mal. Encore une énième maladie. Mon système immunitaire me fait bien défaut. Heureusement, malgré ma force peu fiable, ma précision au tir est inégalable. Bientôt, je pourrais chasser, j'attends ce jour avec impatience !

Elle s'approche de moi. Sois relaxe. Sois relaxe. Je n'ai pas l'habitude d'être en contact avec les gens de mon âge, mes frères ont minimum quatre de plus que moi. Qu'est-ce que je dois faire ? Est-ce que j'ai lu un livre qui pourrait me préparer à cette éventualité ? J'ai beau repasser les mots que j'ai lu, et encore lu, je ne trouve rien ! Ce n'est pas possible, il doit bien y avoir quelque qui devrait m'aider ! Je prends une grande respiration. Paniquer ne servira à rien, alors reprend toi !

Je grince des dents à sa maîtrise de l'allemand. Que dis-je, à ce massacre de ma langue natale ! Je suppose que je vais moi-même parler Anglais, pour éviter de faire saigner mes tympans qui ont déjà bien souffert aujourd'hui.

-Bonsoir à vous aussi, je me nomme Friedrich, mais mes amis -est-ce que je dois préciser ne pas en avoir ?- ainsi que mes frères -est-ce que je dois malheureusement préciser que j'en ai ?- me nomment Fred, je vous permets donc d'utiliser ce surnom. Pourriez-vous, je vous prie, décliner votre identité ?

Je pense avoir bien réussi ce test. Merci les bouquins ! Ce n'est pas grave à vous, mais à mes cours d'éthique. Il faut, apparemment, saluer la personne, puis se présenter si cela n'a jamais été fait auparavant. Nous sommes des enfants, donc je suppose qu'il n'y a aucun mal au fait que nous ne soyons pas présentés via une connaissance. Ha oui, sa question, quelle est-elle déjà ? Elle avait parlé d'une pièce, me semble-t-il. Hum... Ha oui ! Si les livres de la bibliothèque étaient les miens !

-Et pour répondre à votre question, ils appartiennent à la famille Royale, donc oui.

Allez, fais un effort ! Tu peux le faire ! Tant d'efforts, ce n'est pas bon pour ma santé. Tss.

-Mais je suppose qu'il pourrait y avoir une exception, si vous le voulez ?
Insinuant que je pourrais l'y introduire facilement, si elle le souhaite. Elle semble intéressée.

Ton destin est déjà scellé.

◦ With Friedrich v. Hohenzollern ◦

Avec une petite révérence des plus délicates, je l'ai salué en retour, un peu surprise par ce manque de formalité. Je me suis donc contentée de sourire poliment.

- Je me nomme Reese. Fille du Duc de Lennox.

Je me suis retenue de rougir de honte alors qu'il a préféré utiliser l'anglais pour s'adresser à moi, me faisant signe indirectement que j'écorchais trop sa langue... Anglais qu'il parlait d'ailleurs fort bien.
J'ai regretté de ne pas avoir eu plus de temps pour m'y préparer. En arrivant je me suis également rendue compte que la prononciation des mots était totalement différente ici... Comment apprendre correctement une langue si la personne censée me l'enseigner la parle mal ?
En observant le prince, j'avais l'impression que parler lui demandait beaucoup d'efforts. Peut-être aurait-il plus à l'aise dans à parler allemand ? Si je le parlais mal à cette époque, je le comprenais très bien. Mais la proposition aurait été bien malvenue de ma part.

En parlant de politesse... Avais-je vraiment oublié de me présenter avant de poser ma question ? mais quelle idiote ! Je ne faisais qu'enchaîner les faux pas ! Je faisais tout le contraire de ce que l'on m'avait appris.
Puis il me proposa de visiter la bibliothèque. Je ne pu cacher un petit étonnement teinté de joie à cette idée. J'avais également envie de soupirer de joie. Malgré tout cela, il acceptait ma compagnie.
J'inclinai la tête.

- Avec grand plaisir, Fred.

Cela me gênait de l'appeler par un diminutif, aussi familièrement mais je ne faisais qu'accéder à sa requête, n'est-il pas ? J'espérais en tout cas que cela était bien permit et que personne ne m'en tiendrait rigueur. Je n'ai pas appris de cas de figue où se présentait ainsi à moi. Je pensais alors que le mieux était tout de même de respecter la volonté et faire plaisir à son hôte et si, se faisant, il fallait lui donner un diminutif, et bien soit !
J'avais déjà fait tellement de faux pas... Je me rappelle m'être fait la réflexion qu'il avait l'air fatigué. Peut-être l'avais-je dérangé ? J'avoue ne pas forcément y avoir fait attention sur le coup. Mais seulement plus tard, dans mon lit, toutes bougies éteintes.
Quoi qu'il en était, ma timidité refaisait surface, dans ces lieux inconnus, avec tant de monde, de protocole, de règles qu'il fallait respecter. Tout ce que l'on m'avait enseigné sur l'art de deviser avec un prince n'avait plus aucune valeur. Mes précepteurs ne manqueraient pas d'en entendre parler ! D'ailleurs, ils devaient peut-être avoir les oreilles qui sifflaient. J'espérais alors que d'ici mon retour ils n'auraient pas perdu l'ouïe. J'attendais que le prince me guide jusqu'à cette fameuse bibliothèque.

- Y a-t-il des genres de lecture que vous aimez particulièrement ?

Fille du Duc de Lennox ? Hum... Mes parents m'en ont parlé, des amis à eux. Ils n'ont jamais dit comment ils s'étaient rencontrés. Je ne leur ai jamais posé la question non plus.

Elle a fait une révérence, je suppose que je dois faire un effort aussi. Une fois qu'elle s'est relevé, je suis levé, je lui prends délicatement la main, courbe mon dos, ma main libre derrière moi, je pose doucement mes lèvres sur sa main.

-Enchanté, Lady Lennox.
Je libère sa main, sans la brusquer, ni qu'elle se sente rejeté.

Elle ne m'a toujours pas donné l'autorisation de la nommer par son prénom, je ne voudrais pas outrepasser mes droits. Je suis peut-être prince, mais il n'en reste que je serai son mari, il faut qu'elle puisse au moins me tolérer. M'aimer ? C'est un bien grand mot ! Mes parents n'ont jamais réussi, ils sont devenus amis, si j'arrivais à ce résultat j'en serai satisfait. Je me demande si lady Lennox aussi ? J'espère que oui, mais si elle en souffre trop, je ferai en sorte d'apprendre à l'aimer. Cela ne doit pas être si difficile.

J'étais bien un imbécile à ce moment là ! La notion de l'Amour était abstrait. Un simple mot, sans aucune émotion derrière, juste ce que je devais apprendre.

Je l'ai entendu prononcer mon prénom. Non, mon surnom. C'est la première fois ! Cela veut dire que j'ai une amie ? Est-ce que cela se résume à un surnom ? Et si je la considère comme tel, est-ce de même pour elle ? Je l'ignore mais pour l'instant, je sens ma poitrine se réchauffer, à cette idée qui germe en mon esprit, elle a prononcé mon surnom ! C'est la première fois. C'est grisant.

Je lui accorde un sourire ravi. Je ne savais pas pourquoi mais j'étais heureux. La solitude, c'est important pour moi pouvoir me concentrer sur mes études, mais... Passer du temps avec quelqu'un, cela m'a toujours cruellement fait défaut.

N'ayant toujours pas perdu mon sourire, je lui pris sa main, encore une fois. Pour trottiner vers la bibliothèque. Je ne peux me permettre d'aller trop vite, cela se ferait remarquer, mais il ne nous est pas vraiment permis de nous en aller sans prévenir... Qu'importe ! J'en assumerai les conséquences pour elle et pour moi, c'est ça un mari, pas vrai ?

-Je vous y emmène de ce pas !

Ayant perdu toute trace de fatigue, j'ai senti un nouveau souffle, une nouvelle énergie que je ne savais pas avoir. C'était peu, c'était un rien. Mais ce rien, je ne l'avais jamais connu.

Une fois que j'ai vu que personne n'a remarqué notre sortie, je m'arrête et lui lâche la main, au cas où cela la gênerait. Pourquoi... ? Pourquoi est-ce si dur de courir ? Je n'ai pas couru si longtemps en plus ! Mais j'ai déjà le souffle court. Je sens la sueur sur mon front. Pourquoi ? Malgré mon endurance qui n'existe presque pas, je reste droit, dans une position "noble", celle que j'ai dû adopter depuis tout petit.

-Nous y sommes presque.

Puis elle me pose des questions sur ce que j'aime lire. Hum...

-J'apprécie beaucoup le classicisme de Weimar, dommage que cela se soit éteint avec Schiller. Et vous ?

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