Il était une fois, en 1788, le 27ème jour d'octobre, naquit un prince entre les murs d'un château sur les terres Prussienne, comme dans tout bon conte. Fils de Guillaume-Frédéric IIème du nom, le Roi de Prusse, il usait pour la première fois de ses poumons à peine formés, en criant pour que tout le monde se rende compte de son existence. Comme pour chaque bébé à l'heure de leur premier souffle, peu importait le sang qui coulait dans leurs veines, il n'en avait pas choisi le contenu. Personne ne choisissait sa famille. De cette couronne de Prusse, il n'en était pas héritier, et fort heureusement ! Avant lui se trouvait dans la ligne de succession : Ses frères aînés, Guillaume IV - le premier fils de celui-ci, Konräd, ainsi que son deuxième fils, Gustaf, quand ils atteindront leur majorité,- et Ludwig, le benjamin de la fratrie, qui est pour l'heure, sans aucun héritier. Faisant de Friedrich von Hohenzollerrn, le 5ème héritier dans l'ordre de succession.
Friedrich a toujours été le troisième, le cadet, le plus jeune. Il a toujours été le chouchou de la cour, beaucoup plus calme que ses aînés, moins turbulents, moins disposés à créer des problèmes. Du moins... C'est ce que beaucoup pensait, mais ce n'était pas un ange, juste un bon manipulateur. Avec ses yeux remplis d'innocence et ses lèvres tremblantes cherchant ses mots puis, d'un doigt, désignant les parfaits coupables, ses chers frères. Tout le monde se faisait berner ! Car comment imaginer que lui, du haut de ses cinq ans, était coupable de mensonge ? Ses frères se défendaient en l'accusant en retour mais il faisait couler sur ses joues des larmes de crocodile,
blessé des propos de sa famille. Ils ne pouvaient pas gagner cette bataille perdue d'avance, pour eux. Friedrich, lui, voyant que ses frères étaient encore punis à cause de lui ne pouvait que rigoler. Oh ils le lui rendaient bien, mais à cette époque, c'était encore bon enfant.
En grandissant, il s'était forgé plusieurs talents. Il ne sera pas toujours l'enfant innocent, il perdait en candeur. Cependant il gagnait en charisme, et c'est cela qu'il va exploiter. Il apprend à parler couramment plusieurs langues: sa langue maternelle, l'allemand, le français, et l'anglais. Il comprend aussi le russe, cependant son art oratoire semble se limiter au base rudimentaire.
Il savait que sa voie n'était pas aussi toute tracé que l'héritier à la couronne. Le second avait pour projet d’accéder au trône. Friedrich aurait pu en faire de même, cependant cela lui importait peu. Qu'ils s’entre-tuent si cela leur chantait, ce n'était pas son problème. Il n'avait que faire de ces enfantillages. Il s'était concentré sur l'équitation, l'art, la lecture, l'écriture, la chasse, le tir à arc et le tir via arme à feu, le savoir, le violon, la stratégie, la politique, la diplomatie, et tout ce dont il jugeait utile de savoir pour compenser son manque de capacité physique. Il avait toujours été de constitution faible, tombant malade beaucoup plus de fois qu'il n'aurait dû. Il lui était impossible d'entretenir sa musculature, il s’essoufflait toujours, ayant une très mauvaise endurance.
Il avait souvent été isolé de la fratrie pour éviter de les contaminer, ou d'attraper lui-même une infection dont il ne pourrait se relever. De ce fait, il avait été solitaire très jeune, devenant peu à peu froid et distant, n'ayant que rarement joué avec les jeunes de son âge, pas même ses frères !
Mais qu'importe, il avait 25 ans, il n'en avait que faire de jouer maintenant. Et en ce mars 1815, il avait eu vent de cette rumeur inquiétante qui courait. Celle qui faisait part du retour de l'Empereur Napoléon. Il devenait nécessaire pour la Grande Bretagne et la Prusse de s'allier afin de contrer cette puissance militaire. Ainsi, il fut convenu par les siens qu'il serait celui qui irait convaincre la famille royale britannique de prendre part à une ultime bataille, étant bon orateur et stratège, il saurait trouver les mots justes.
Début Avril 1815, il rencontra une certaine "Amélia" par hasard, se gardant bien de lui révéler son titre princier. Il l'avait recroisé quelques jours plus tard, lors de l'ouverture des mondanités. Se révélant à elle, il se fit pardonner par un tour de piste. S'il n'était pas venu à Londres pour trouver une épouse, il fut convaincu dès cet instant que la vivacité d'esprit de la jeune fille ferait d'elle une Princesse de renom et commença à la courtiser, allant même jusqu'à acheter une bague, souhaitant lui faire sa demande, bien que s'y refusant, cela serait trop tôt. C'est pourquoi il conserva ce bijou dans son écrin, toujours bien dissimulé sur lui.
Malheureusement, il n'en eut le temps. Ce fut au début Mai qu'il avait été appelé à quitter l'Angleterre pour rejoindre Vienne où se rencontraient les représentants de l'alliance pour contrer la montée en puissance de l'Empereur Français. Il avait reçu pour consigne de quitter Londres sans avoir le temps d'expliquer les raisons de son départ à quiconque, surtout pas à
elle. Il aurait tellement aimé lui adresser quelques derniers mots, juste pour lui expliquer les raisons de son départ. Hélas, il n'en eut pas l'occasion, restant dans une profonde frustration face à ce non-dit qui allait tout changer.
Quand la bataille de Waterloo a eu lieu, il était présent. Stratège protégé par des gardes du corps, il dressait des plans d'une bataille sanguinolente. Il voyait au loin, ces hommes tombant les uns après les autres. Tandis que lui était bien sagement protégé derrière des boucliers humains. Cela ne le choquait pas outre-mesure. C'était sa place, celle du prince qui le privilégiait, le maintenait sauf. Il n'eut jamais besoin de se salir les mains, les autres faisaient cette besogne pour lui. Égoïstement, il était heureux d'être né dans la famille royale. Même en pleine bataille, il n'eut a souffrir de la faim ou de la soif. Bien que sa perte de poids disait le contraire, sans doute mangeait-il moins inconsciemment ? Comme pour se priver de ce que ces hommes de guerre ne pouvaient obtenir ? Non, ce serait ridicule. Il détestait le gaspillage.
La guerre finie, le plan dressé par les hauts dignitaires -lui y compris-, avait fini par mettre en déroute la France, au prix de nombreuses vies. Il avait le sang de ces hommes qu'il ne connaissait sur les mains. Il niait juste l'évidence. C'est la hiérarchie. Lui ordonne, les autres obéissent. Même quand il s'agit d'ordre privé et qu'il faille pour eux de se taire...
De retour en Prusse, il fait part à sa famille de ses sentiments pour cette demoiselle anglaise. Fille de Conte, elle ne fait guère l'unanimité et ses parents lui déconseillent fortement de la revoir. Il avait eu beau tenté de les persuader, le résultat fut sans appel. Ses tentatives de courrier avaient été interceptées, des filles de Duc de Prusse lui sont présentées. Il leur trouvait des raisons pour ne pas les apprécier, à la limite du puéril. "Quelle est cet odieux accoutrement ? Etes-vous sûr que fille de Duc est votre rang ? Fille de fermier vous sied plus !". "Ar.Ti.Cu.Lez quand vous parlez, je n'y comprends pas un traître mot !". Ses parents ayant vu ces jeunes femmes, se faire jeter les uns après les autres. Il y avait deux sortes de réagissement, la colère ou la tristesse. Pour Friedrich, ce n'était qu'une vengeance envers ses parents pour lui interdire d'épouser la femme qu'il veut prendre pour princesse. En fin de compte, il accepta de faire la cour à une fille de Duc tout à fait respectable, ou était-ce de Marquis ? Peu lui importait, seule une fille de Comte avait de l'importance à ses yeux.
La guerre était finie, il s'évertua à faire comprendre l'importance de conforter les alliances, et c'est par cette volonté qu'il s'était auto désigné pour reprendre son rôle d'ambassadeur auprès de l'Angleterre. Bien sûr, ce n'était pas sans arrière pensée... Friedrich von Hohenzollern, avec ou sans l'accord parental, avait pour intention de recroiser le regard d'Amélia Gilderstone. Et plus si affinités...