Arthur Gilderstone, frère aimant, mécène, coeur à prendre

Je suis le mâle héritier de ma famille. En conséquence, de nombreuses responsabilités pèsent sur mes épaules. J'ai la chance d'avoir eu une excellente éducation de la part de Père. Mais hélas le temps qu'il a pu passer à me partager sa sagesse n'a été que de courte durée. Je n'avais que treize ans lorsque le Seigneur l'a rappelé à Ses côtés. La blessure de mon coeur est encore vivace, le temps ne l'a pas encore effacée.

Mère a pris le relais, avec toute la sagesse et la charité chrétiennes dont elle est capable. Cela m'a été d'un grand secours, même si elle n'a pas su pallier au manque de modèles virils dans mon entourage proche. Je ressens de la culpabilité à l'idée de n'avoir pas pu être la figure paternelle dont mon jeune frère Allen avait besoin pour grandir harmonieusement. J'ai eu vent de ses soucis d'ordre personnel et je suis persuadé que si Père avait encore été de ce monde - ou si j'avais pu être un meilleur modèle pour lui - peut-être ne serait-il pas en train de sombrer ? J'espère qu'il n'est pas trop tard pour corriger cela.

Revenons à ma propre vie. Mère a fait de son mieux en soutenant et encourageant mes études en politique et géopolitique à l'internat. Grâce aux valeurs transmises par Père, et au soutien indéfectible de Mère et de mes soeurs Amélia et Anna, j'ai pu faire mes classes et m'en tirer avec les honneurs.

En plus de soutenir ma carrière en politique, Mère a su m'insuffler le goût du Beau et de l'Art. Je m'intéresse tout particulièrement aux Arts qui se rapprochent le plus de la Nature à savoir, la sculpture, et les arts de la scène, notamment le théâtre. Sur ce point je ne fais hélas pas l'unanimité dans la noblesse qui a trop tendance à considérer les acteurs et actrices comme des menteurs. Mais qu'est-ce donc que l'Art si ce n'est une imitation la plus fidèle possible de la Nature ? Et quelle plus fidèle imitation que celle qui allie à la fois la représentation visuelle, le texte, et le mouvement ? Serais-je en train d'errer ou serais-je avant-gardiste ? Je trouve heureusement une oreille attentive et compréhensive au sein de ma famille, ainsi que les les auteurs Antiques acclamés pour leurs productions théâtrales. Je fais de mon mieux pour encourager et soutenir par mon mécénat, les talents émergents.

Un autre de mes intérêts concerne le bien-être et la sécurité de mes sujets. Tout le monde n'a pas eu la chance d'être aussi bien loti que moi, et la charité chrétienne me commande d'utiliser mes richesses pour leur prodiguer au moins le strict nécessaire. Ce n'est pas l'avis de la plupart des Nobles, hélas, qui semblent oublier ce Commandement de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est également un devoir dû à notre condition. De plus, la charité n'est qu'une solution temporaire. Je suis certain qu'il existe une solution pérenne pour permettre à tous et à toutes de gagner sa vie par son travail, sans se tuer à la tâche. Plus qu'une certitude : je vois cela comme une nécessité, qui bénéficierait à toutes les classes sociales. Mère me soutient dans ce projet charitable par ses propres actions.

Le reste de mon temps libre, j'aime le passer à m'exercer physiquement. Lorsque la saison le permet, je chasse - et lorsque ce n'est pas la saison, j'accompagne ma soeur Amélia dans ses promenades équestres. Je suis encore plus attentif à sa santé et à sa sécurité depuis le terrible typhus qui a failli l'emporter. Je n'ai qu'une seule Amélia, et la perdre me causerait une tristesse inimaginable.

Quant à mes préoccupations du moment... Anna et Amélia ont fait leurs débuts en société, et ne sont toujours pas mariées. Ce n'est pas faute d'avoir eu des soupirants. Cela entraîne des tensions entre elles, en particulier concernant l'ordre dans lequel les marier. Les convenances veulent qu'Amélia soit la première à convoler en justes noces, mais le Destin semble s'acharner sur le pauvre ange. La maladie a emporté son premier fiancé. Le second, Friedrich von Hohenzollern, Prince de Prusse, semblait être l'homme parfait pour elle - amateur d'Art comme l'est ma famille, excellente situation sociale. Il a disparu du jour au lendemain, ce qui est une conduite indigne d'un gentilhomme. Le Duc de Ruthland, William Manners, s'est à son tour rapproché d'elle. Sa constance et son courage d'ancien soldat en feraient un très bon époux pour mon Amélia. Mais le coeur de ma soeur bien-aimée sera-t-il se plier à la voie de la raison ? Cela serait pour le bien de toute la famille : notre honneur, notre réputation, la situation d'Amélia, sans compter que cela respecterait les convenances et permettrait à Anna et Adelina de pouvoir trouver à leur tour une situation digne d'elles. J'espère que le comportement d'Allen n'entachera pas la réputation familiale, ce qui serait une catastrophe pour nous tous et pourrait faire obstacle au mariage de mes trois soeurs.

Quant à moi... Il est nécessaire qu'à mon tour je me préoccupe de mon propre mariage. Il en va de la continuation de ma lignée, et de l'honneur de ma famille.

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