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 Faire pleurer et tendre un mouchoir

Arthur Gilderstone
Arthur Gilderstone
◦ Comte de Suffolk ◦
Lettres envoyées : 352
Age : 24
Nationalité : Anglaise
Statut marital : Célibataire
Métier/Occupation : Comte de Suffolk, mécène des Arts
Classe sociale : Noble
Rêve(s) : Perpétuer ma lignée
Pseudo : Amal
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Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Dim 29 Mai - 20:53

 

Faire pleurer et tendre un mouchoir
◦ With. Earnest Wilde ◦


Le début de l'été rendait le fond de l'air très sec. La lumière était aveuglante. Mon uniforme scolaire était difficile à supporter avec cette chaleur. J'avais hâte de rentrer dans le Suffolk. Les lettres que j'échangeais régulièrement avec ma famille ne remplaçaient pas sa présence à mes côtés. De plus, j'avais hâte de mettre en pratique avec l'aide de Mère les nouvelles idées de gestion du domaine que j'avais développées grâce à mes leçons, mais surtout, grâce à mes conversations avec Wilde.

C'était, je le savais, sa dernière année d'études. Son dernier jour, qui plus est. Nous nous étions donné rendez-vous durant l'heure de récréation qui nous avait été accordée après la cérémonie de remise des diplômes.

Notre dernier jour ensemble en tant que camarades de pensionnat.

Notre dernier jour à nous voir en face à face, prélude à de longs échanges épistolaires, avant de nous retrouver enfin par hasard lors d'un événement mondain.

Mais je digresse, par nostalgie du temps passé et des adieux que nous avons prononcés ce jour-là.
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Earnest Wilde
Earnest Wilde
◦ Colonel Wilde ◦
Lettres envoyées : 298
Age : 26 ans.
Nationalité : Anglaise.
Statut marital : Célibataire.
Métier/Occupation : Officier, grade colonel bien qu'il va reprendre le flambeau de son père, celui-ci dirige une entreprise de brasserie ainsi qu'un bar.
Classe sociale : Roturier, diront certains, malfrat, diront des médisants, lui, il s'en moque, qu'ils disent ce qu'ils leur chantent, juste... très loin de lui, si possible.
Rêve(s) : Les rêves sont illusoires alors il aimerait juste aimer au grand jour, bien que cela soit impossible.
Faire pleurer et tendre un mouchoir Pt9q
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Mar 7 Juin - 23:22

C'était le dernier été, je le savais. Le dernier que l'on partagerait ensemble. La lumière semblait éclairer de mille et une lumières pour cette occasion. Je profitais de la sensation de mon uniforme. La dernière fois. A chaque petite chose que je fais, je me rappelle que cela sera sans doute la dernière fois que cela me sera permis de le faire. Cela remplit mon âme d'effroi. Je ne rentrerai pas chez moi... Je ne peux pas revenir vers mon père. Depuis le début de l'année scolaire, je n'ai pu lui parler, ou ne serait-ce qu'écrire. Il ne sait écrire, malgré le fait qu'il sache me lire, un mot sur deux en tous les cas. Je ne pourrais pas lui dire "Papa, j'ai obtenu mon diplôme". Et puis qu'en ferait-il de cette information ? Pensais-je amère. Rien. Il boira la fin de sa bouteille, et il partira sans même calculé que... Son fils a réussi. C'est pourquoi, avant de partir guerroyez, il n'ira pas chez lui. Si c'est pour que son père pleure sa mort tandis qu'il est encore vivant devant lui, puis quelques bouteilles plus tard, souhaite voir son fils mort et enterré, Earnest va s'en passer. 

J'attendis Arthur, nous nous étions donné rendez-vous dehors. J'étais le premier arrivé semblait-il. Près de cette arbre, l'endroit où a vu naître beaucoup de nos débats. C'est un lieu symbolique. Mon dos était posé sur le tronc principal de l'arbre. Je vais, pour la remise des diplômes, lui épargner l'escalade. Nous risquons de nous salir tous les deux.  

Je pouvais entendre les pas de souliers, les mêmes que les miens, s'enfoncer dans l'herbe. J'en déduis systématiquement qu'il s'agissait d'Arthur. Je souris, même si je sais qu'il ne pouvait pas encore me voir. Je lui annonce ma position, donc derrière l'arbre, en le saluant d'un simpliste. 
-Bonsoir Hunter. 

J'enchaîne par... 
-Félicitations pour ton diplôme. 
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Arthur Gilderstone
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Ven 10 Juin - 11:59

 

Faire pleurer et tendre un mouchoir
◦ With. Earnest Wilde ◦


L'arbre m'a parlé – ou du moins, c'est l'impression que j'en avais puisque Wilde était complètement caché à ma vue de l'autre côté du tronc. Il m'a salué, et félicité pour mon diplôme. Je répondis :

- Félicitations pour le tiens également, Wolf.

Allais-je lui dire qu'il s'était surpassé ? Que j'étais agréablement surpris ? Ou que je n'en attendais pas moins de sa part ? Tout cela aurait pu être mal interprété. Je me suis donc contenté de le féliciter. Il n'y avait pas grand-chose à dire de plus, de toute façon.

Je me suis installé à côté de lui, le dos contre l'arbre, et j'ai commencé la discussion.

- Définitivement décidé à aller te battre pour ton pays ? Tu me manqueras. Tâche de rester vivant et en un seul morceau. Je n'ai pas envie que les lettres que je t'enverrai, restent sans réponse.

Personne ne sait vraiment faire des adieux corrects. Pour les jeunes gens sans expérience de vie que nous étions, c'était encore pire, justement à cause du manque d'expérience de vie. Lorsque je quittais ma famille pour l'internat, nous savions tous que j'allais revenir, que nous allions nous revoir. Le seul exemple de « adieu et peut-être pour toujours » que j'avais eu jusqu'à présent, c'était l'enterrement de Père. Mais quand on se sépare d'un camarade qui part pour le front, on ne lui récite pas des litanies funèbres. Ce serait l'enterrer avant qu'il ne meure. Je ne voulais pas lui porter malheur.

J'ai essayé d'égayer l'atmosphère de quelque plaisanterie :

- Si tu reviens couvert de galons et de médailles, j'ai des sœurs que ça pourrait intéresser. Elles seront en âge de se marier d'ici la fin de la guerre. Enfin, j'espère que la guerre se terminera quand même avant. Donc, si tu ne reviens pas pour moi, reviens pour elles.

C'était stupide. Je m'en suis rendu compte au moment où je prononçais ces paroles. Mes sœurs n'étaient pas des juments que l'on échange sur un marché. J'ai donc précisé :

- Elles te trouveront peut-être à leur goût. Ou à celui de leurs amies.

J'avais vraiment le sentiment de m'enfoncer dans des sables mouvants sans parvenir à m'en extirper. J'ai fini par me taire pour éviter de dire encore plus de bêtises.
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Earnest Wilde
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Mer 22 Juin - 18:51

Je lui souris, bien qu'il ne puisse le voir. Pourtant je me pose bien des questions, à quoi va-t-il vraiment me servir ? J'ai fait des études, je me suis raccroché à l'idée d'être avocat et... En fin de compte, je ne pourrais l'utiliser pour la suite. En ce qui concerne l'armée, j'aurai pu m'y inscrire depuis longtemps ! Le bon côté est que je ne commence pas comme simple soldat... Je serai dans la catégorie des sous-officier. Pourtant... Ce n'est pas très utile à l'armée. J'aurai tout de même appris à écrire, waouh. Pour cela, pas besoin d'aller se ruiner dans une école d'élite pour garçon... Je soupire, fataliste. C'est le destin des pauvres. 

Je dois admettre que l'obtention de ce diplôme me laisse avec un arrière goût d'aigre doux. La défaite est amer. Mais la fierté, la liberté et l'indépendance est plus forte. Peut-être que ce qui prime, c'est la survie. Je vais peut-être mourir, mais je survivrai. Et quand je mourais, je pourrais peut-être me permettre de vivre ? 

Je lui aurais dit que ce n'était pas vraiment par choix mais c'est faux, c'est ma décision d'être buté, de refuser de l'aide. J'ai été pendant si longtemps dépendant que je veux juste que cela s'arrête. J'ai été sous l'emprise de beaucoup de personne, mon père, mes amis... Ce n'est peut-être même pas conscient pourtant je savais que je ne pourrais pas toujours compter sur eux, que ce soit en terme d'argent que de présence. Mes amis viennent de milieu sociale opposé au mien. Nous ne sommes plus des enfants, nous nous rendons compte de ce fossé entre nous. Mon engagement à l'armée est d'autant plus une preuve évidente et accablante de ce système érigé sur le patrimoine, l'héritage et le sang. 

-En effet. Tu sais bien que je ne serai jamais revenu sur ma décision. 

Je continue par un simple : 
-Ce sera réciproque, je te l'assure. 

Je souris à sa remarque. 
-J'essaierai, mais je ne peux te promettre ce que je ne suis pas certain de pouvoir respecter. Néanmoins, je te promets d'essayer. 

Rigolant légèrement de sa blague, je lui fais remarquer. 
-Si tu essaies de me donner une raison de rester en vie, j'en ai déjà une... 

J'aurai bien aimé que cela soit une femme, cela aurait rendu les choses plus simples mais c'est un homme... Et sans l'avouer, peut-être que je croyais naïvement que si je partais, fuyais mes sentiments, ils finiraient par disparaître et que je pourrais revenir, pour lui dire que je ne suis plus atteint de ce mal qui me ronge. Qui nous ronge. Aussi courageux j'étais sur le front, j'étais lâche en sentiment. Quelle ironie. 

-Et j'aurai plus tendance à revenir pour toi, mon ami d'enfance, que pour elles, inconnues à mes yeux. 
Lui avouais-je avec un rire face à ses paroles aussi stupides que grotesques. Et dire qu'il était le premier de sa promotion... 

J'ai un sourire en coin quand il ajoute ses quelques phrases. 
-Bien tenté. Mais qu'en est-il, de mes goûts à moi ? Aussi charmantes soient-elles, tes sœurs, je crains que la place soit déjà prise de mon côté. 
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Jeu 23 Juin - 17:27

 

Faire pleurer et tendre un mouchoir
◦ With. Earnest Wilde ◦


J'ai eu un sourire triste. Au moins, il essayerait de rentrer en vie. Peu importait en vérité de savoir s'il allait rentrer pour épouser une de mes sœurs ou l'amie d'une de mes sœurs. L'important serait qu'il rentre en vie. En un seul morceau de préférence.

J'ai haussé un sourcil lorsqu'il m'a confié qu'il préférait revenir pour notre amitié plutôt que pour un amour hypothétique qui ne serait peut-être pas à son goût – que d'ailleurs, son cœur était déjà pris.

- Je suis touché d'apprendre que notre amitié compte à ce point à tes yeux. À en croire certains de mes camarades, le regard d'une inconnue, sa cheville entraperçue sous le bord d'un jupon, son mouchoir échappé de son réticule, valent plus que la relation qu'ils ont construite avec leurs camarades.

J'ai haussé les épaules. J'étais bien trop sérieux pour m'intéresser à ce qui porte froufrous, dentelles et rubans. Sans compter que, si je voulais absolument savoir à quoi elles ressemblaient vues de près, il me suffisait d'aller prendre le thé avec mes sœurs. Il n'y avait là aucun mystère, vraiment. Des personnes avec la voix plus aiguë, portant des vêtements différents, ayant des rôles sociaux différents de ceux des hommes. Il n'y avait pas là de quoi se pâmer, se donner des coups de coude pour mieux voir, ou faire le mur le soir.

- Tu en fais des mystères à propos de tes affaires de cœur, Wolf.

J'ai eu un petit rire.

- Je ne vais pas m'en plaindre. Je dois admettre que les récits des frasques de mes camarades commencent à bien m'ennuyer. Au moins toi, tu as le sérieux de garder privées tes affaires privées. J'apprécie ce trait de ton caractère.

J'ai eu vaguement l'impression d'avoir dit quelque chose de maladroit, sans comprendre pourquoi. Quelque chose dans l'ambiance de la conversation peut-être. Ou peut-être avais-je oublié quelque formule de politesse de circonstances ?

- Si vous souhaitez concrétiser cela par un mariage, je vous souhaite tout le bonheur du monde. Pensez à m'inviter. J'aimerais beaucoup rencontrer la future Madame Wolf.
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Ven 24 Juin - 10:27

Je soupire un peu désabusé de sa manière grossière, envers ses sœurs et moi-même pour me donner une raison de rester en vie. Je ne suis pas suicidaire voyons. Il n'y a rien de plus lâche qu'un homme qui abandonne la vie. Et de plus courageux... Après tout, qu'y a-t-il après ? Je n'en sais rien et pour être honnête, je m'en fous. Si je dois mourir, je mourrai. Point. 

Je souris à son étonnement. 
-Je ne suis pas comme certains de vos camarades. 

Je n'ai pas le temps de penser au fille, au femme, je me suis tellement concentré sur mes études que la seule femme que j'ai jamais touché était la dernière. Non pas que ses courbes m'ont déplu, au contraire mais... Je ne sais pas. J'avais l'impression que ce n'était pas avec cette femme que je voulais faire ma première fois. Alors laquelle ? Mais peut-être... Oui, peut-être n'était-ce pas une femme ? Quel blasphème ! L'enfer l'attend après l'enfer de la guerre. 

J'en fais des mystères ? Hum... Peut-être. Mais : 

-Il y a des affaires qui se doivent de rester privées. 
Dis-je simplement, sans m'inquiéter du fait qu'il découvre le mal qui me ronge. Il ne pourra pas le trouver maintenant, il ne comprendra pas. 

Je rigole en entendant la suite. 

-Je comprends pourquoi. Les miens ne parlent que de cela, tu verras dans deux ans. 
Lui fis-je remarqué en rigolant, j'essaie de ne pas penser au fait que je ne serai peut-être plus là dans deux ans. J'aurai aimé revenir pour sa remise de diplôme. Je sais, je ne suis pas son père mais quand bien même, si j'en ai l'occasion, je viendrai pour le féliciter. Bien que je doute en avoir la capacité, j'ai entendu que la guerre Anglo-Américaine prenait de plus en plus d'effort pour ma patrie. Je vais bientôt quitter mon pays, je n'aurai jamais imaginé que ce serait de cette manière. 

-Et j'apprécie que tu ne me poses de questions sur cela. Certains de mes amis sont... Indiscrets.

Je ne peux m'empêcher d'avoir un regard triste à l'annonce d'un mariage. C'est impossible, mais je ne peux le lui avouer. 

-Il n'y aura pas de mariage. 
Murmurais-je. 

-C'est un amour unilatéral. 

Et je ne saurai dire dans quel sens.

-Mais à mon mariage, tu seras bien évidemment invité. Invite-moi au tien, je ne pourrais manquer cela. 

Aussi bien mort que vif, j'y assisterai. La seule différence est qu'il ne le saura jamais si je suis mort. Oui Arthur, moi aussi. J'aimerai rencontrer cette Mme.Wolf. Cette Mme.Wilde. Et pour être honnête, je ne risque pas d'aimer ce que je vois. Pas comme ça en tout cas. J'aurai l'impression de la duper, de me duper et de tromper tout le monde. Mais j'essaierai de l'aimer, cela ne peut pas être si difficile.
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Sam 2 Juil - 18:09

 

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◦ With. Earnest Wilde ◦


J'ai haussé un sourcil. Il n'est pas comme certains de mes camarades ? Je supposais alors qu'il voulait faire référence à son sérieux en études, uniquement. Ce n'est que plus tard que j'ai réalisé qu'il préférait le célibat à la compagnie constante d'une épouse. Chacun mène sa vie comme il lui convient.

- Je préfère te savoir sérieux et appliqué, que courant le jupon. Surtout après le dernier sermon que nous avons eu de la part du prêtre. Si les filles à soldat risquent à ce point de donner des maladies aussi terribles que ce qu'il décrit, cela me rassure de savoir que tu es de mœurs sérieuses. Les risques de la guerre sont déjà assez grands. Tu n'as pas besoin d'y rajouter les risques de l'amour.

J'ai fait une petite pause, puis j'ai approuvé ses dires :

- Certaines affaires en effet son mieux si elles restent privées. Nous n'avons pas besoin d'avoir constamment notre nez dans les oignons des autres. À partir du moment où je suis assuré que tu es heureux dans ta vie et en sécurité, le reste te regarde.

En sécurité. Quelle ironie de ma part de parler de sécurité à un homme partant à la guerre.

- Comment cela, tes camarades ne parlent que de filles ? Mon pauvre Wolf. Ça doit être bien ennuyeux. Il y a tellement de choses beaucoup plus intellectuellement stimulantes que cela. À moins qu'ils ne connaissent des filles de bonne éducation, versées dans la littérature, dans la science et dans les arts ?

J'avais l'espoir fou de rencontrer un jour une femme qui soit intellectuellement mon égale. Je ne parvenais pas à envisager le mariage autrement. Pourquoi s'unir à vie avec quelqu'un dont la conversation nous ennuie ? Dans le seul et unique but d'avoir des enfants ? Je ne pouvais envisager de passer ma vie en restant intellectuellement seul, prisonnier d'un mariage de convenance. Est-ce que l'exemple de l'éducation raffinée de mes sœurs me faisait placer la barre trop haut, si jeune déjà ?

J'ai grimacé lorsqu'il m'a rappelé que certains de ses camarades étaient indiscrets.

- Je te souhaite bon courage pour faire face à cela. Les indiscrétions, calomnies et autres rumeurs publiques sont désespérantes tellement elles sont creuses. Faire du scandale juste pour le plaisir du scandale, c'est vraiment quelque chose que je trouve complètement ridicule. Ne peut-on pas simplement vivre et laisser vivre ?

J'ai soupiré. Décidément, je ne comprendrais jamais l'intérêt de mes semblables pour les scandales.

J'ai contourné l'arbre pour me placer face à mon ami et poser une main réconfortante sur l'épaule de Wilde.

- Je te souhaite de trouver un jour quelqu'un qui te convienne, le jour où tu voudras te marier. Je serai toujours à tes côtés, Wolf, quoi qu'il arrive. Parce que tu as toujours été du mien, même lorsque je ne le comprenais pas encore. Pour cela, merci mille fois, mon ami, mon frère.

Je n'avais pas envie de le lâcher. Pas comme ça. Pas pour l'abandonner à l'armée. Il était ce que j'avais de plus proche d'une figure paternelle. Avec lui à mes côtés, les responsabilités qui s'entassaient peu à peu sur moi par rapport à ma famille, me semblaient plus légères à porter.

Je ne voulais pas perdre mon seul véritable ami.
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Lun 4 Juil - 10:08

Je hoche la tête en accord.
-Je suis satisfait qu'il en soit de même pour toi, Hunter. Mais comment puis-je me battre si je n'ai rien à perdre ? L'amour, Fox, bien qu'elle nous rende misérable, il nous donne l'envie de ne pas le voir se dérober sous nos doigts. Les risques de l'amour, je les connais, c'est une douleur qui ne se voit pas. Mais les risques de la guerre, je ne peux que les deviner pour l'instant, c'est une douleur qui peut tuer. Et en sachant cela, je trouve que les conséquences face à l'amour, sont dérisoires. Je m'engage, et mon seul but, c'est d'avoir encore le temps de lui dire, avant qu'il ne soit trop tard.

Peut-être est-ce cela qui m'a sauvé la vie. Mon envie de lui avouer, quand je saurai que ce que j'ai à perdre, plus que ma vie, c'est ma possibilité de les lui avouer, mes sentiments. Ou alors ma chance insolente. C'est une possibilité aussi.

Je ne peux que sourire à ses paroles. Aurait-il eu les mêmes propos sans notre combat de boxe ? J'en doute. J'ai contribué à le rendre... À la meilleure version de lui-même. C'est plutôt réussi. Je suis assez fier du résultat, un peu comme le serait un père, pour être honnête, ou un grand frère. Je te souhaite d'être heureux Arthur, et si jamais il advenait que je n'en ai plus l'occasion, sois-le pour moi mais surtout pour toi. Tu mérites tellement de rencontrer, je te le souhaite, une femme, qui saura terminer ce que je n'ai pu achever. Tu es... La plus belle version de toi que j'ai pu créer, mais je suis certain qu'il y a des choses qui ne peuvent être changées, dans la mentalité des hommes, que par des femmes. Et peut-être aurais-je bien besoin de rencontrer une femme comme cela !

En sécurité. Je crois que nous n'avons pas la même conception de ce terme mais bon, la discussion est déjà assez pensante, pas besoin d'y rajouter une couche. Je vais éviter de commenter cette... Erreur.
Je l'espère, que cela en était une.

-Je suis d'accord. C'est d'un ennui. C'est certain. Je doute que les putains soient fort éduquées.

Je soupire. Et parle pour moi.
-À moins que cela ne soit un préjugé que je possède d'elles. Pourtant j'en viens quand même à douter que cet aprioris n'en soit pas un.

Je soupire. Celle que j'avais rencontré était civilisé, mais était-elle éduquée ? Je doutais même qu'elle sache lire. Ce qui n'est pas peu courant, même dans les paysans. Ce n'est pas faux. Mais n'est-ce pas grâce à notre éducation que nous pouvons lire, écrire et compter ? Et bien plus encore maintenant.

Je souris calmement.
-Merci Fox, mais je doute en avoir besoin, du courage pour ce faire.

Je ne dirai pas que j'ai l'habitude mais... Je suis un pauvre parmi les nobles, forcément que je semble être le monstre de foire.
Apparemment, je serai né dans une maison close. J'hausse juste mes épaules. Je ne connaissais pas ma mère donc je suppose que cela pourrait être vrai. Mon père ne veut pas en parler et ne m'a jamais dit mon lieu de naissance.
Apparemment je vivrai sous les ponts, dans les rues de Londres comme un sans abri. J'hausse juste mes épaules. Je sais où j'habite, ils n'ont pas à le savoir.
Apparemment je serai l'aîné d'une fratrie de sept enfants. Je me demande juste où ils vont chercher tout ça.
Et plein d'autres stupidités et futilités ainsi, je me contente juste d'hocher la tête ou d'hausser les épaules, parce que vraiment, je m'en contre fou. J'ai déjà assez de problèmes comme ça, alors leurs enfantillages, c'est le moindre de mes soucis.

Je l'entends se déplacer, ses pas sont de plus en plus fort. J'en déduis qu'il vient à moi. J'attends qu'il arrive, puis il pose une main sur mon épaule. Je lui offre un sourire lasse. Reconnaissant, mais lasse.

-D'accord, d'accord, je ferai de toi mon témoin. Pas besoin de me dire tout ça juste pour cela.
Dis-je avec un rire. Ce n'est pas que je trouve ses paroles drôle, je crois que j'ai juste besoin d'évacuer la pression. À ce moment là, je ne savais pas ce qu'était la guerre, et au fond de moi, je ne voulais pas le savoir.

-Plus sérieusement Renardeau, je sais qu'un jour, tu trouveras une femme digne de toi, et quand ce jour arrivera, n'oublie pas de m'inviter. Je ne raterai ça pour rien au monde, mon frère. Par contre, t'es peut-être le plus grand de nous deux, mais je suis le grand frère.
Dis-je avec un petit clin d'œil, et un léger rire.
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Sam 9 Juil - 18:12

 

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◦ With. Earnest Wilde ◦


J'ai cligné des yeux en écoutant Wolf m'expliquer son rapport avec l'amour et les sentiments amoureux. Il semblait connaître personnellement ce qu'il décrivait par « amour ». Par pudeur, je ne l'ai pas questionné sur le sujet. Je lui ai juste apporté mon soutien.

- Si tu penses que ça en vaut la peine de lui parler avant de partir, alors, fais-le. Et si tu as besoin de quelqu'un pour te soutenir, je me porte volontiers volontaire. Uniquement si tu veux bien de moi, évidemment.

Je ne pouvais pas faire grand-chose de plus à part lui offrir mon amitié.

J'ai ouvert et fermé la bouche comme un poisson hors de l'eau lorsqu'il a parlé du niveau d'éducation des... Et le mot utilisé pour désigner les courtisanes professionnelles... J'ai préféré ne pas rebondir sur le sujet. Ma jeunesse et mon manque d'expérience me rendaient timide. Ou était-ce la rationalité qui demande d'éviter de parler de ce qu'on ne connaît pas ? C'est ce que je pensais sur le moment. Adulte, avec le recul, je me rends compte que j'étais juste pudique et inexpérimenté.

J'ai eu la présence d'esprit de l'admettre, au moins.

- Je n'ai pas encore cette expérience donc je vais éviter de juger sans savoir. Je m'en remets à tes connaissances en la matière, Wolf.

J'ai cru entendre dans sa voix une sorte de résignation à propos des rumeurs colportées par ses camarades. J'en ai vaguement entendues, mais je n'y ai jamais porté attention. La meilleure façon de connaître quelqu'un est d'observer son comportement. Ce que la rumeur publique dit sur lui, cela indique uniquement les qualités humaines des personnes colportant lesdites rumeurs. J'ai appris à éviter les personnes qui se moquent des plus faibles. C'est un comportement que je ne veux pas voir chez mes amis. Je ne veux pas être ami avec des gens ayant ce comportement.

Je l'ai remercié lorsqu'il m'a fait part de ses espoirs concernant ma propre future vie maritale.

- Merci, Wilde, mon frère. Dès que j'aurai rencontré le joyaux précieux qu'est ma future femme, je ne manquerai pas de te la présenter. C'est une promesse.

L'étiquette et les conventions sociales m'interdisaient de le serrer dans mes bras, alors, je me suis contenté de resserrer un peu ma main sur son épaule en souriant avant de le lâcher.
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Earnest Wilde
Earnest Wilde
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Dim 10 Juil - 20:35

Arthur ne m'a pas posé de question sur ces émotions que je ressentais. Sûrement savait-il que je ne lui répondrai pas. Les raisons pour lesquelles je serai tu lui auraient été inconnues. Moi, par contre, je les sais, ces raisons. La première étant que ce serait me compromettre à lui que de lui avouer mon penchant pour les deux sexes. La deuxième raison est toute simple, je ne suis pas sûr de ce que je ressens ou pire encore, de ce qu'il ressent. Je me sens perdu. Livré à moi-même pour comprendre ce que je suis, ce que je veux. Ce que j'attends de lui autant que j'en attends de moi-même.  Et je crois que la réponse que j'ai en-tête n'est pas satisfaisante, qu'elle est fausse, qu'elle me trompe, pour que ce soit plus simple. Car ce qui me vient, la réponse est un simple "Rien". Je ne sais pas vraiment si je le souhaites réellement ou non. 

Je souris au parole de mon ami, mais je ne peux que secouer la tête. 

-Je ne peux pas, Arthur, je ne peux pas...

Je lui remercie intérieurement de m'avoir proposé cela mais je crois que j'ai besoin de fuir. Même si c'est pour retrouver la mort, cela restera une fin louable. Du moins, j'aime à le penser. Personne ne se souviendra de moi mais j'aurai contribué à défendre mon pays, quelle sacrifice peut-il être plus noble que cela ? Même avec quelques arrière-pensées égoïstes.   

Je lui accorde un simple hochement de tête à ses paroles. Arthur est bien sage, je suis fier de ce qu'il est devenu. Et maintenant,  je sais. Je sais qu'il est devenu l'homme que j'ai entraperçu lors du ring. Il est peut-être temps. 

-J'ai hâte de la rencontrer. Je suis certain qu'elle sera parfaite pour toi. Je te le souhaite en tout cas.

Sa main n'est plus sur mon épaule, je saisis l'occasion de terminer cet adieu par cette promesse. Présenter l'élue de notre cœur à notre frère. Il n'y a pas plus beau adieu que sceller par un serment, quand bien même il ne serait pas dit tacitement. Cela prouve qu'il est plus qu'un "Adieu", c'est un "Au revoir"... 

Je cherche dans ma poche le mouchoir gris, celui que je lui avais pris en gage de victoire, lors de notre duel sur le ring de boxe. Je suis certain qu'il s'en souvient encore. 

Le mouchoir dans ma main droite, je dépose celle-ci sur son épaule gauche. Je vais partir, maintenant. Et je lui fais comprendre en me relevant de mon dossier -le tronc d'arbre- et faisant quelques petits pas pour me rapprocher de lui et lui murmurer, tranquillement.  
-Prend soin de toi, Lord Gilderstone. Mon petit frère...

J'attends qu'il prenne le tissu pour ne pas qu'il tombe, bien que je compte un peu sur ses réflexes en lâchant avec précaution le dit-tissu, pour partir, simplement. Sans me retourner, si je me retourne, cela voudrait dire que j'ai des regrets, mais je n'en ai pas. Tout a été dit. Je n'ai pas besoin de lui en dire plus, s'il a des questions sur la signification de mon geste ou de mon présent, il n'aura qu'à m'écrire. Bien qu'au fond, je pense qu'il comprendra. 

Je ne quitte pas le gamin immature que j'ai rencontré sur le ring de boxe, me défiant, je quitte un Comte, un lord, un homme digne d'être nommé comme tel... 
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Arthur Gilderstone
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Re: Faire pleurer et tendre un mouchoir /
Ven 15 Juil - 10:10

 

Faire pleurer et tendre un mouchoir
◦ With. Earnest Wilde ◦


J'ai vu que mon ami était en détresse. J'ai vu qu'il y avait quelque chose qu'il avait besoin d'exprimer mais en même temps, une autre force scellait ses lèvres.

- Wolf, tu n'es pas obligé de me confier toute ta vie. C'est normal d'avoir son propre jardin secret. J'espère simplement que, quel que soit ce dont il est question, tu as quelqu'un avec qui en parler. Pour ne pas rester seul face à tes pensées et tes questions.

Je ne pouvais pas faire grand-chose de plus. Je ne pouvais pas le forcer à me parler de choses dont il ne voulait pas me parler. Il avait ses raisons. Notre âge par exemple – à l'époque, ces quelques années faisaient toute la différence sur certains sujets. M'a-t-il depuis parlé de ce qu'il me cachait à l'époque ? Je ne lui ai jamais reposé la question. S'il m'en a parlé depuis, je suis flatté de sa confiance. Si ce n'est pas le cas, et bien, il a le droit de garder sa vie privée, privée.

Nous avons discuté de bien des choses ce jour là, puis il a mis la main à sa poche, en a tiré un mouchoir gris et l'a posé sur mon épaule. Le geste était incongru mais j'en ai saisi toute la portée. C'était le mouchoir du jour de notre rencontre. Je l'ai saisi et glissé dans la poche avant de ma veste, sur mon cœur. Il y est toujours, tous les jours, invisible aux yeux du monde, tellement important pour moi. Le symbole de toutes nos promesses. Le symbole de notre fraternité, plus puissante que tous les liens du monde. Le symbole d'une page qui se tourne et de mon entrée définitive dans le monde des adultes.

Il a murmuré un au-revoir à mon oreille. Avant qu'il ne s'éloigne, faisant fi de toutes les conventions sociales, je l'ai serré dans mes bras. Il était mon frère, après tout.

- Prend soin de toi, Wilde, mon frère.


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