Allez, courage, encore une petite dizaine de minutes ! La fermeture est dans 8-9 minutes. Earnest range ses verres, il ne reste que quelques clients, bourrés. Ils donnent un pourboire, en plus de ce qu'ils doivent au bar, avant de partir, leurs jambes tremblantes et leur équilibre perdu. En criant à tue tête, à qui veut bien les écouter, se portant plus ou moins les uns les autres, une chanson. Celle-ci étant la chanson que les soldats, les militaires chantaient pour passer le temps lors des longues marches au pas, chargés plus que leur corps ne pouvait se permettre de supporter.
Et que chantent les hommes ? A quoi pensent-ils tandis que le sang se déverse de leur corps, comme des siens, et des leurs ?
"
The girl I left behind me". Or the boy. Il est vrai que parfois, lors de la chanson, de ses jeunes années et même encore, chaque fois qu'Earnest chantait cette chanson, il pensait à la "fille" de cette histoire. Et parfois, sa langue fourchait pour dire "The person" qu'il a laissé derrière-lui.
C'est sur le dernier paragraphe de la musique que le petit groupe s'en allait, ne laissant plus qu'un lointain echo de...
"Dishonors breath shall never stain
The name I leave behind me"
"Le souffle des déshonneurs ne tâchera jamais
Le nom que je laisse derrière moi"
Earnest, trop préoccupé de ranger les verres, entend la cloche alertant d'un nouveau client. Le barman en est étonné, qui vient à la fermeture d'un bar ? Il informe juste calmement, un peu ailleurs, la chanson tournant en boucle dans son esprit.
-Le bar va bientôt fermé, si vous voulez un verre, repassez de~
Sa phrase se meurt en voyant la personne arrivée devant lui. Oswald.
-Ou boire maintenant, c'est tout à fait faisable. Tu as l'air d'en avoir besoin, Eagle.
Et c'est pas peu dire ! Le dénommé Aigle a des cernes sous ses yeux, les yeux rougis, aurait-il... Pleuré ? Non, c'est sûrement la fatigue. Ses habits semblent de valeurs réduites comparés à ses bouts de tissus qui lui sont affublés d'accoutumé. Mais il pourrait être déguisé en n'importe quoi, Earnest le reconnaîtra toujours.
-Oswald. Tu m'inquiètes. Quand quelqu'un dit cela, ce n'est jamais bon présage...
Mais il a l'air d'avoir besoin de se confier, pourvu qu'il n'annonce pas une rupture ! Pourrait-il y avoir une rupture même quand il n'y a rien de "concret" ?
-Bien sûr Eagle, tu sais que tu peux tout me dire, je l'accepterai... Tu aimerais en parler où ?