Sky of Art : Operation lemonade.

Moi, Art, essoufflé plus que je ne voudrais bien le montrer ou l'admettre, j'avais mal calculé la trajectoire, c'était long jusqu'à la porte d'entrée des Percy ! J'ai commencé la course le plus rapidement possible, perdant peu à peu du terrain, ne m'attendant pas à ce que je doive courir aussi longtemps. Ma cadence ralentie, je m'arrête complètement pour ouvrir la grande porte d'entrée, quel lenteur ! En plus, elle grince. 

Et dire qu'en même temps que moi, Sky arrive à se faufiler pour que nous arrivions tous les deux à l'intérieur de la battisse, et ce, en même temps ! Bien que trempés jusqu'au os, aussi bien pour l'un que pour l'autre. La pluie ne nous a pas fait de cadeau, ce n'était que quelques gouttes il y a peu. Maintenant, c'est une averse !  

-Bien rattrapé Sky. 

Je reprends mon souffle. 

-Alors... ? Sommes-nous tous les deux des pommes pourries ou non ? 

Je secoue mes cheveux pour enlever toute l'eau accumulée dessus, ne faisant pas attention qu'il était possible que j'éclabousse Sky au passage. 

-Alors, on a tous les deux gagnés ou... Tous les deux perdus ? Je te laisse décider. Héhé. 

Je passe une main dans mes cheveux poisseux pour retirer cette mèche devant mes yeux qui me donnait un air ridicule, j'en suis presque certain. 

Après avoir entendu la réponse de Sky, je marche d'un pas confiant vers une destination que je ne connaissais pas. 

-J'ai soif, allons dans la cuisine ! 

J'entrepris de grande enjambée vers une pièce au hasard, ne sachant pas que j'avais pris la direction opposée à celle de la cuisine... Mais je venais à peine d'y aller avec père, je saurai retrouver la cuisine. C'était déjà mal parti...

Essoufflé, je lui donne un petit coup de poing dans l'épaule, pas vraiment content d'avoir dû courir. Au moins, je ne suis pas arrivé dernier ! Je ne serai donc pas une pomme pourrie !

- La pomme pourrie, c'est pas moi !

Déjà trempé je me fais éclabousser quand Art' secoue ses cheveux. Petite vengeance, j'en fais autant, puis éclatent de rire.

- Ben on a gagné tous les deux !

Il replace une mèche de cheveux plaqués sur son front par la pluie, avec une expression étrange. Pour le taquiner un peu, je lui ébouriffe les cheveux d'un geste énergique. J'éclate de rire quand il part d'un pas décidé en pensant aller vers la cuisine.

- C'est pas par là ! Suis moi !

Cette fois, c'est moi qui pars en courant et j'ai l'avantage du terrain. Je prends assez d'avance pour qu'il soit obligé de courir, mais pas assez pour le perdre de vue. D'autant plus que mon rire espiègle retentit et que mon pas claque dans les couloirs.

Je lève les mains en l'air devant son coup de poing. 

-J'avoue, je l'ai mérité ! Mais de toute façon, il aurait quand même fallu courir à cause de cette pluie, donc je nous ai rendu service avec cette course, j'ai rendu cela plus chouette ! Oui, tu peux me remercier. 
Dis-je en prenant les manières de ces nobles, le menton levé et le regard rempli de dédain. Bien sûr, je me moquais d'eux et de leurs manières pompeuses, grotesques au possible !

Je reprends mon attitude de "rustre" et je rétorque. 
-Bah c'est pas moi non plus ! 

Je vois que nous nous accordons à dire que nous ne sommes pas des pommes pourries. Qui est-ce alors ? Et après, il ose m'ébouriffer les cheveux ! Mode bélier activé, je le plaque au sol sur son dos, en évitant de le blesser, pour le chatouiller. On rigole moins là ! Ou beaucoup plus... ? Enfin je me suis compris. Une fois notre crise de rire terminé, je me relève, me recoiffe parce que maintenant, j'ai l'air encore plus ridicule qu'avant ! Avec la pluie, l'ébouriffage, et la bataille de chatouille, pauvre de moi !  

-J'ai une idée ! La prochaine personne que l'on croise, ce sera elle, la pomme pourrie ! 

Je me suis trompé de chemin. C'pas la première fois. Je le suis en courant pour le rattraper, assez pour le garder en vue. Et lui, c'est quoi son excuse pour m'avoir fait courir, hein ? Pff. 

Nous arrivons devant une porte.  
-C'est ici ? Normalement, mon père tient occupé le cuisinier, ils sont tous les deux dans la salle de réception. Il ne devrait y avoir personne. Ou pas à ma connaissance en tout cas. 

Je hausse les épaules.

- Ce n'est que de l'eau.

Dans le couloir, nous ne croisons personne. Dommage. Il n'y aura donc pas de pomme pourrie. Je m'amuse ce pendant à le faire tourner en bourrique, faisant des détours inutiles. Aucune chance qu'il retienne le chemin jusqu'aux cuisines, comme ça ! Heureusement pour lui, je me lasse très vite de ce "jeu". Il n'y a que moi qui m'amuse, ce n'est pas drôle. J'arrête de courir et nous arrivons devant une porte.

- Oui, c'est là. T'en fais pas, si on ne traîne pas trop dans leur patte, les gens de cuisine ne disent rien. Si on se débrouille bien, on peut même avoir un gâteau !

Je lui fais un clin d'oeil et m'apprête à ouvrir la porte quand:

- Oh bon sang, mais tu es encore resté sous la pluie ! La fièvre de la dernière fois ne t'a donc pas suffit ?

Je regarde la femme qui est apparue au bout du couloir. D'un coup de coude discret j'attire l'attention de Art pour lui murmurer d'un air revêche:

- Elle, ce n'est pas une pomme pourrie, d'accord ?

Ma mère s'approche de nous l'air sévère. En vrai, elle est très douce. Gentille. La plus belle des mamans ! Mais pas maintenant alors qu'elle est fâchée. Je baisse les yeux. C'est pas joli une maman qu'on a déçu.

- On voulait aller à la cuisine pour boire, on a soif. Je tente.

- Non. D'abord, allez vous sécher. Tous les deux. Je te fais confiance pour le faire, Er...

Mu par un réflexe dont j'ignore l'origine, je lui coupe la parole. Elle n'aime pas ça, je le sais mais je n'ai pas pu m'en empêcher.

- Je m'appelle Sky, maintenant !

Au lieu de se fâcher, comme je le pensais, elle s'adoucie puis lâche un petit rire. D'un signe de tête elle m'ordonne d'aller me sécher avec Art. Puis elle repart. Il faut aller voir les lingères. Je me rappelle trop bien de la fièvre et l'état dans lequel j'étais. Et surtout, de maman qui pleurait près de mon lit... Je veux pas la faire pleurer encore.

- Viens, Art. Maman a raison, il faut nous sécher. Faut pas tomber malade.

Je souris à sa remarque. 

-Bah oui, ce n'est que de l'eau. Mais j'aime pas avoir des habits qui collent à la peau. 

Cela en met du temps pour arriver à la cuisine ! Décidément ! La maison des Percy ne peut pas être aussi grande ! J'ai comme l'impression qu'il se moque de moi. Barf, il perd du temps, lui aussi. Je saurai attendre. Je commence juste à avoir sauf par contre. Heureusement que j'ai de l'eau, ça hydrate un peu... 

Je hausse les épaules puis lui répond. 

-D'accord. Tu dois tenir à elle. C'est qui ? 

Je regarde la femme. Elle semble... Hum ? Fachée ? Je vois le froncement de ses sourcils. Je vois Erskine baisser ses yeux. Elle doit être importante pour lui, pour qu'il soit à ce point triste. Il n'empêche que je n'arrive pas à établir la relation d'Erskine avec cette adulte. 

Ha ? Ses traits s'adoucirent. Elle est belle quand elle rit, plus que quand elle fonce les sourcils en tout cas. 

-Et moi, c'est Art' ! Enchanté de vous rencontrer madame. 
Fis-je en guise de présentation. Elle me regarde, sans doute mon père a parlé de moi avec elle. Je crois qu'elle a compris notre attribution de surnom parce qu'elle ne fait aucun commentaire sur le fait que mon prénom ne soit pas celui que je dis qu'il est, ou celui qu'elle a entendu.

D'habitude, mon père ne parle pas beaucoup de moi, mais je suppose que là, il a sans doute prévenu que son fils se baladera dans la propriété des Percy. 

Je ne savais pas, pour Sky, la relation qu'il entretenait avec sa mère, et sa fâcheuse tendance à tomber malade à ce moment là. Tout ce que j'ai fait, comme l'enfant ignorant que j'étais, a été de lui offrir un sourire narquois. Et lui répondre, une fois sa mère partie... 

-Ho allez, ce n'est que de l'eau. 

J'ai soif, moi ! Les besoins physiologiques passent avant le séchage de mes habits. Il n'a pas pris des plombes à me faire venir devant la cuisine pour ne pas ouvrir la porte, celle-ci me nargue... Je le vois bien ! 

Je l'ouvre, confiant, regardant dans une petite fente la visibilité que cela m'offre, puis voyant et n'entendant personne, j'ouvre un peu plus la porte. Je murmure à Sky, comme si nous étions dans une opération super méga importante, trouver de quoi boire ! Un jus, une eau, quelque chose de froid ! Ou mieux encore ! De la limonade ! 

-Sky, commençons l'operation lemonade, tu veux ? On se séchera plus tard, promis. 

Je ne lui demande pas son avis que je rentre déjà dans la cuisine. Si j'étais à boire... Où est-ce que je me cacherai ? Je commence à fouiller les armoires, sans vraiment aucune discrétion.

- C'est ma mère. Alors c'est pas une pomme pourrie. Je répète une fois que cette dernière est partie.

- Ho allez, ce n'est que de l'eau. Me dit-il.

Sans que j'ai le temps de réagir, il ouvre la porte de la cuisine. Je veux lui dire d'attendre, mais il est déjà trop tard.
Quand on est en mission, on ne peut pas reculer. Celle-ci commencée, il faut la mener jusqu'au bout ! Il me promet qu'on se sèchera plus tard, et je suis d'accord avec tout de même une petite pensée d'excuse pour ma mère. Il ne s'agit après tout, que de changer l'ordre de certaines actions... Et puis ce sera rapide. Je souffle, convaincu.

- Très bien. Mais laisse-moi passer devant, en éclaireur. J'ai la connaissance de la cible, du terrain et de l'ennemi.

Sans lui laisser le temps de répondre, je me faufile sur la pointe des pieds a l'autre bout de la cuisine. Une fois sûr que personne ne risque de nous surprendre, je fais signe à mon ami de me rejoindre.

- Nous voilà à l'intérieur des lignes adverses. Il va falloir être prudent. Sois un loup. Silencieux comme la nuit. Il en va de notre survie à tous les deux. Et surtout, de la réussite de l'operation lemonade ! Je chuchote quand il arrive près de moi.

Puis, je lui montre où est l'objet de notre convoitise. En haut d'une étagère qui fait deux fois notre taille...

- Voilà notre cible.

Je plante mon regard dans celui de Art, déterminé à mener la mission à bien, prenant notre jeu très au sérieux.

-Ho. 

C'est ça, une maman ? Je ne peux qu’être triste en la regardant prendre soin de Sky. Je ne suis pas jaloux, je suis juste curieux. Qu'est-ce que ça fait d'avoir une maman ? Je dévisage la dame, la maman de SKy. Ce n'est pas la première fois que j'en rencontre une. Quoique... Si, en fait, c'est la première maman du nom que je rencontre. Cela me fait tout drôle. La madame qui était ma maman, elle aussi, elle aurait été comme cette dame l'est avec son fils ? Je reste perplexe. C'est une notion assez étrange qui sort de mes pensées. Père, je connais, maman, je ne connais pas. C'est quoi, un père au féminin ? Je ne pose pas la question qui me brûle les lèvres "C'est quoi, une maman ?", j'aurai l'air stupide, non ? Donc je me tais, je l'apprendrai bien un jour. Je crois. 

-Hum... D'accord. 
Dis-je un peu distrait, je le vois me dépasser mais je ne réagis pas. Je réfléchis au concept même d'une maman. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens un petit pincement au cœur dont je ne connais l'origine. C'est ça, ce que ça fait de ne pas en avoir ? Ha bah c'est nul ! 

-Hum hum. 

Je me sens presque désolé pour Sky, de ne pas prendre en considération ses paroles. C'est après tout moi qui l'ai entraîné dans cette opération. Je secoue la tête, je ne devrais plus penser à cela. Même si je n'ai pas entendu un traître mot de ce qu'il a prononcé, je le suis simplement en hochant la tête à ses dires, d'un air solennel. 

Je regarde notre cible, et elle me semble impossible de l'atteindre ! Mais j'ai toujours été très débrouillard. Je lui murmure. 

-Préviens moi si quelqu'un arrive avec... Un cri de loup. 
Me rappelant qu'il avait parlé de cet animal, bien que j'en ignore la raison. 

-J'ai un plan. 

Je remarque un tabouret, hum... Cela ne sera pas assez grand. Je cherche s'il y en a un autre et ! Bingo ! Mais ce ne sera pas assez. Je n'ai qu'à les poser sur le plan de travail. Oui, faisons cela. Certes, c'est légèrement risqué mais hé, j'ai un plan donc je dois le concrétiser ! J'aurai l'air de quoi sinon ? 

Je monte sur le plan de travail, pose le premier tabouret, j'essaie d'atteindre la limonade rien qu'avec cela mais cela ne fonctionne pas... Ce n'est pas grave. Je remets l'autre dessus. Je m'appuie sur le tabouret du haut avec mes pieds pour grimper et je me tiens aux étagères en bois au dessus avec mes mains. J'avoue que j'ai pas la confiance, côté stabilité... J'arrive néanmoins à prendre la limonade ! 

-Mission accompli, cible capturée. 

Peut-être ai-je crier victoire trop vite, surtout que si j'ai moyennement facilement monté cela, je ne sais pas comment je vais redescendre. Bien que je ne montre pas mon inquiétude à Sky, comme si j'étais confiant et que j'avais l'habitude de faire ça.

Il a l'air soudain ailleurs. Ne sachant pas trop quoi faire, je me concentre sur l'opération en espérant qu'il suivra et que ça le fera revenir. Je sens qu'il ne m'écoute pas vraiment mais il me suit quand je lui en fais le signe.
Il n'est pas très discret, comme je le lui ai demandé mais je ne dis rien. Il n'y a personne. Il semble se ressaisir et me dit qu'il a un plan. Je l'écoute donc avec attention. Ou plutôt, le regarde grimper sur les tabourets à l'équilibre plutôt instable qu'il a superposé.

- Heu... Je n'étais pas sérieux, quand je parlais de survie et tout ça... Ce n'est pas un peu trop dangereux ? Je demande inquiet.

J'en oublie presque de surveiller les alentours. Mon coeur bat fort dans ma poitrine n'osant pas le quitter des yeux. Comme si ça pouvait le sauver d'une chute. Mais contrairement à moi il n'a pas l'air d'avoir peur. Il finit par attraper la bouteille avec toute mon admiration.

- Donne-moi la bouteille, comme ça t'auras les mains libres pour descendre.

Je monte sur le plan de travail pour lui prendre la limonade. La cible de notre mission. J'essaye de me montrer aussi confiant que lui et tend la main pour me saisir de la bouteille.

- Hé ! Qu'est-ce que vous faites, bande de petits galopins !Tonne une grosse voix.

Je me pétrifie aussi sûrement qu'une statue.

- Oh non !

Antonio s'avance d'un pas menaçant. Il est gentil, d'habitude, mais là il a vraiment pas l'air content !

C'est étrange, non ? D'être nostalgique de quelque chose que je ne connais même pas. Mon père n'est pas très bavard quant à ma mère, je suppose qu'il n'a toujours pas fait son deuil. Sinon, il se serait remarié, non ? Je secoue la tête, il faut que j'arrête avec ces pensées parasites, cela me déconcentre. Je soupire. Bon, cette limonade, je la veux oui ou merle à la fin ?! 

(Merle pour ne pas dire de gros mots, ou selon mon père "De grossièreté futile qui ne fait que salir la langue de notre nation", légèrement excessif, si vous voulez mon avis. Surtout qu'il en dit, le bougre ! Soit disant un privilège d'adulte, mon œil oui !). 

-Mais non, voyons, je sais ce que je fais, héhé. 

Est-ce que je crois en mes propos ? Nan, pas le moins du monde. Mais Sky semble avoir besoin d'être rassuré. Je suppose ? Mais pourquoi ? On ne se connait que depuis, quoi ? Même pas deux heures. Peut-être que c'est ça, que d'avoir un ami. C'est assez satisfaisant, pour être honnête. 

-Bonne idée ! 

Dis-je en attendant qu'il crapahute, en suivant mes pas. Je lui tends la bouteille, mais alors que je m’apprêtais à lui donner notre acquisition nouvelle, une grosse voix me rend déséquilibré. Je laisse tomber la limonade à terre, renversant tout son contenu vers l'intru (Bien que théoriquement, c'est nous. Bref, dans ma tête d'enfant, c'est lui un point c'est tout.) et répandant des morceaux de verres. Le bruit du fracas me fait sursauté, je n'ai jamais aimé ce son, je ne m'attendais pas non plus à faire autant de dégâts...  Mais le mal est fait, et puis il n'avait qu'à pas nous engueuler comme ça ! 

-Oh oh, la limonade... Qu'est-ce qu'on va boire alors ?

Ha oui, je me rends compte après qu'Antonio se racle la gorge pour attirer notre attention (Il aurait faire cela, au lieu de crier !) que c'est le moindre de nos problèmes en ce moment. Je m'apprête à descendre quand je me sens glisser, j'arrive à poser pied sur le comptoir mais je ne peux en dire autant des tabourets en bois qui viennent s'écraser sur le sol. Oups... 

-Au point où on en est...

-Mais quel bazar ! Je crois avoir posé une question !

Bah moi aussi, est-ce que vous y avez prêté attention, non ! Je ne vais évidemment pas répondre ça, je tiens à ma vie. 

-Heu... Nous voulions juste boire. Nous allons descendre et partir ? 

-Bien essayé gamin. Cependant, vous allez me nettoyer tout ce foutoir que vous avez crée ! Ne descendez pas tout de suite par contre, il y a du verre par terre, j'ai de bonne chaussure, au cas où cela m'arriverait. 

Je vois qu'il se préoccupe quand même de nous, il est gentil malgré son air grognon. 

-Donc cela ne vous ai jamais arrivé ? 

-Je n'ai jamais dit ça. 

-Donc cela vous ai déjà arrivé ? 

-Oui. Mais là n'est pas la question ! 

Il soulève d'abord Erskine, puis le dépose hors du lieu où à eu lieu le désastre, puis il en fait de même pour moi. Quand il me dépose, je sens une douleur dans ma jambe gauche. Je crois m'être coupé à cause des tabourets tombés. Je n'y ai pas fait attention au début. J'essaie de cacher une grimace de douleur. 

-Je suis... 

Je le coupe pour dire. 

-Une pomme pourrie ! 
Est-ce que j'essaie d'attirer son attention sur autre chose que ma jambe qu'il semble dévisager ? Non... Bon, peut-être bien. 

-Mais non, insolent ! Je me nomme Antonio Ravel !

Je me crispe, le bruit de verre brisé est terrible. Le sentiment d'avoir fait une grosse bêtise également. Je regarde avec horreur la limonade qui s'écoule sur le sol en dessous de nous, des éclat de la bouteille emporté plus loin par le liquide.
Tous nos efforts réduits à néant ! Qu'est-ce qu'on va boire ? Et bien, je ne sais pas...

Puis les tabouret viennent.

- Art ! Je cris, de peur qu'il termine par terre.

Un des tabourets pas près de moi et le pied de ce dernier le heurte durement le menton. Je me félicite d'avoir eu le reflexe de me serrer les dents avant le coup. Mais je ne dis rien et retiens les larmes qui me piquent les yeux. Je crois que je me suis un peu ouvert alors je garde une main dessus, même si ça fait mal, et surtout parce que ça fait mal.

Antonio nous gronde. Oh non... On va devoir nettoyer tout ça... Je retiens un soupire puis réprime un rire, quand Art pose ses questions et que Antonio s'énerve gentiment. Il râle beaucoup, mais il n'est pas méchant.
Le cuisinier me soulève comme si je ne pesais rien et me dépose plus loin, là où il n'y a pas de verre coupant. Puis il prends Art dans ses grosses mains pour le déposer à côté de moi. Je regarde mon ami inquiet. Encore plus quand il grimace de douleur.

- Je suis...

- Une pomme pourrie !

Je manque de m'étouffer à ces mots. Partagé entre le rire et la crainte. Mais très vite, j'oublie tout ça pour fixer la jambe de Art.

- Tu es blessé...

Antonio soupire longuement.

- Toi aussi... Dit-il dans ma direction. On peut dire que vus vous êtes bien arrangés tous les deux ! Restez ici, je vais chercher de quoi vous soigner.

Il continue de bougonner avant de sortir de la cuisine. Nous voilà de nouveau seuls Art et moi.

"Une pomme pourrie !", m'étais-je écrié pour alléger l'ambiance. Enfin plutôt pour que Sky se sente moins mal. Surtout qu'il se tient le menton, il doit être blessé. C'est ma faute. Je savais que c'était une mauvaise idée... Enfin non, je ne le savais pas. Mais je me suis dit que quelque chose allait mal se passer. Ça compte ?

Tandis que Sky rigole à mes paroles, Antonio m'offre juste un froncement de sourcil et un regard dubitatif. Certainement pour savoir de quoi il en retourne. Mais au vu de mon regard malicieux et de mon sourire narquois, il a certainement compris qu'il n'aura d'autre choix d'accepter ce surnom sans pouvoir connaître ses origines. Après avoir secoué la tête de manière désabusé, il vient nous chercher. Ne cherchant pas plus.

-Toi aussi !
Répondis-je en même temps qu'Antonio, sur le défensive. Il hoche la tête.

-Ça va, c'est trois fois rien pour moi, une simple égratignure. Occupez-vous du plus important, Sky !

Il hausse un sourcil envers le dénommé Sky. Il lui pose une question muette, je crois que cela a avoir avec le fait que je le nomme ainsi. Je suppose ? Puis il me regarde, je crois qu'il remet en doute le fait que je me nomme Art maintenant. Je sais qu'Erskine a crié mon surnom, mais je ne sais si Antonio l'a entendu ?

En partant pour aller chercher de quoi soigner Sky, je remarque... Que ce qu'il bougonne ressemblait à "Pomme pourrie... Moi, une pomme pourrie.". Je grimace, il n'a pas l'air d'apprécier mon commentaire spontané.

- ça te fait beaucoup mal ? Je demande inquiet une fois Antonio parti. Désolé, c'est ma faute. J'aurais mieux surveiller les environs...

Je baisse les yeux, penaud. A cause de moi, il y a eu un accident qui aurait pu être évité. Je réprime un frisson. Mes vêtements sont toujours trempés et je commence à avoir froid. Je ne dis rien. Art aussi doit le sentir, non ?

Je secoue vigoureusement la tête. 

-Non. Même pas mal ! 
M'écriais-je, sûr de moi. Je voyais bien que mon nouvel ami était triste. Peut-être pensait-il qu'il y était pour quelque chose ? Sa réponse confirme ma théorie. Je m'approche de lui, confiant. En faisant fis de cette douleur qui me tiraille. Je ne peux pas grimacer, cela ne ferait qu'empirer l'état émotionnel de Sky. C'est pourquoi je lui offre un sourire confiant. 

-T'en fais pas va. Nous sommes tous les deux dans le même bâteau. Même pas en rêve que je te dis que tu dois tout porter tout seul. 

Je soupire. 

-J'aurai dû faire attention. J'aurai dû suivre les ordres de ta mè~. M~. Mère. Et ne pas t’entraîner dans la cuisine. Je n'aurai pas du superposer deux chaises en sachant que c'était dangereux. Tu veux que je continue ou c'est bon ? 

Je sens le froid peu à peu s’infiltrer dans les pores de ma peau. Je vois Erskine trembler. 

-Il n'est pas trop tard pour aller suivre les directives de ta~ mgnmr. 

Je ne termine pas sa phrase, cela ressemble à un marmonnement incompréhensible. Pour en effet, que je ne sois pas compris.

Je le regarde, septique quand il affirme que ça ne fait pas mal. Et le voilà qui s'excuse à son tour. Il bute sur le mot "mère" et je devine que c'est peut-être un sujet sensible pour lui. Devrais-je lui montrer que j'ai de la peine pour lui, ou devrais-je faire comme si de rien était ? Je me pose trop de questions, je crois.
Il me demande s'il peut continuer. Continuer quoi ? Mince, je n'ai pas vraiment écouté.

- Je crois que ça ira. Je dis quand même.

Je pense quand on fait une bêtise à deux, on est tous les deux responsables. Alors peut-être que les excuses ne sont pas vraiment nécessaires ?

- Mais... Antonio nous a dit d'attendre. Il va s'occuper de nos blessures ! Et puis il va pas nous laisser partir avant qu'on ait nettoyé.

Je me tiens toujours le menton et je sens un liquide chaud qui coule. J'essaye de ne pas en mettre partout.
Sur ce, Antonio revient d'un pas rapide, les bras chargés de tissus et de quoi nous panser.  Il nous donne des serviettes sèches et je sursaute presque de la sentir chaude sous mes doigts. Oh c'est agréable !

- Séchez-vous les mômes. Vous allez attraper la mort, sinon. J'ai rapporté des vêtements secs aussi. Un peu grands mais ça fera l'affaire.

Je frissonne plus fort aux mots d'Antonio. Je veux pas attraper la mort, moi ! Je me frictionne les cheveux et m'enroule dans le tissus chaud. Zut, j'ai fait des taches. Antonio me fait signe que ce n'est pas grave. pendant ce temps, il prépare de quoi panser nos blessures.
Je regarde Art. Je ne sais pas vraiment quoi faire... Je lui demande ou pas ?

- Tu n'as pas de maman ? Je murmure.

Je rentre la tête dans les épaules. A peine fini ma phrase que je regrette déjà !

- Excuse moi, j'aurais pas dû demander. Je rajoute rapidement.

-Ha bah voilà ! Donc c'est plus ma faute que la tienne donc te fais pas de chagrin pour ma blessure, je l'ai mérité. Et pis cela va vite passer. 

Je soupire, décidément, ce gamin fait souvent ce que ses parents, ou adultes en général, demande de faire ! Moi, j'ai toujours fait ce que je voulais, mon père s'occupant de mon frère malade. C'est fou comme il peut vite attraper une maladie lui ! A croire que j'ai pris son umminité ! Ummanité ? Rho, zut, je l'ai sur le bout de la langue. Immunité ! Voilà ! J'ai toujours été très indépendant, père me dit juste "Rentre pas trop tard gamin" et pis c'est tout. Donc j'aime pas trop suivre les ordres des parents, le mien n'en dit que rarement donc j'ai pas l'habitude. Et quand je fais une entorse à ces rares obligations, bah il le voit pas donc... J'en profite !

Ne voulant pas le brusquer, j'allais lui dire que d'accord, on ne s'en va pas. Mais Antonio revient avec des trucs et des choses dans ses bras. Nous sommes que deux, pas 15 ! Il exagère pas un peu ? Père, quand je suis blessé, me dit d'aller chercher de quoi me soigner dans l'armoire. Donc je fais comme il dit, je prends des bras d'Antonio des bandages, que je mets autour de mon genoux. 

-Hoho ! Gamin ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Faut nettoyer la plaie avec de l'eau avant de la bander comme ça ! Qui t'a appris à te soigner hein ? 

Bah... Personne. Je ne peux pas dire ça, donc je hausse les épaules. Antonio soupire et voulu le faire à ma place mais je dis "Non ! Sky d'abord !". Il re-soupire désabusé, mais sourit tout de même devant ma préoccupation pour mon ami. Il va vers Sky et demande. 

-Tu veux bien que je te soigne, histoire que je puisse aller soigner ton énergumène d'ami ?  

Je fais un "Hé, je t'ai entendu pomme pourrie !" indigné. 

Une fois s'être occupé de Sky, il vient à moi, il me tamponne la plaie et me bande, ni trop fort, ni pas assez. 

-Merci... 
Murmurais-je hébété. C'était bizarre de ne pas le faire moi-même. Mais pas désagréable. 

Il me lança une serviette, j'ai compris le message. Me sécher ! Je secoue mes cheveux dans tous les sens et quand j'ai terminé, j'ai remarqué que... Haha ! J'avais mis de l'eau sur son visage ! Bon, il avait l'air grognon mais c'était marrant sa tête ! 

-Sale môme... 

Je crois qu'il parle de moi. 

J'entends la question d'Erskine qui me surprend un peu. Je fronce les sourcils. Hum... Père a dit "Bien sûr que t'as une maman, elle est juste partie dans le ciel". 

-Non, ne t'en fais pas. C'est pas grave. Si, j'ai une madame-père car père a dit que j'en avais une, comme tous les êtres vivants, mais que... Bah elle était partie dans le ciel à ma naissance. 
 
Mais les plantes aussi ont une maman et un papa ? C'est étrange. Il faut un papa et une maman pour faire un bébé ? Bah les arbres alors, c'est qui leur maman et leur papa ?

Je voulais que Antonio soigne d'abord Art mais il fait son difficile alors j'accepte de passer en premier. JE me mords la lèvre pour ne pas éclater de rire quand Art l'appelle encore une fois Pomme Pourrie. ça fait mal quand Antonio ne soigne mais je ne dis rien. Puis je regarde Art se faire soigner à son tour. ça se voit qu'il n'a pas l'habitude qu'on s'occupe de lui...

Art secoue et éclabousse le cuisinier. Cette fois, j'éclate de rire sans plus me retenir.
Je perds vite mon sourire, par contre quand Art me dit qu'il n'a pas connu sa maman. Je comprends mieux...

- Ici, les adultes s'occupent des enfants. Il faudra que tu t'y habitue.

C'est tout ce que j'ai trouvé à dire. Je termine de me sécher et me change sous ma serviette. Je commence déjà à avoir mal à la gorge. Je déteste avoir mal à la gorge parce qu'après on fait boire des trucs qui sont pas bons ! Je soupire, contrarié.

Le rire d'Art est d'un contagieux ! C'est drôle, jamais à ce moment-là, je ne me serrai douté qu'il se nomme tout autrement, comme pour moi. Pendant ces moments avec lui, pour être honnête, j'en oubliais presque j'étais Earnest, pas Art. Cela fait bizarre en tant qu'adulte maintenant. Art était l'enfant intrépides, casse-cou et fier tandis qu'Earnest est l'adulte que je suis devenu très tôt. Et Wolf dans tout cela ? Je n'avais pas encore eu ce surnom, Wolf. Mais cela n'aurait su tarder, dans quelques années, je trouverai Art pour Wolf. Au fond, je voulais peut-être oublier l'amitié que j'avais laissé derrière, cela implique d'autant plus mon surnom, qui me fait sans cesse penser à Sky. À Sky of Art...

Je me demande si j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Erskine perd son rire et son sourire après que j'ai répondu à sa question. 

Avec un sourire narquois, je n'entends que ce que je veux bien entendre, tout en essayant de changer de sujet. 

-Si tu veux que je m'y habitue, c'est parce que tu veux me revoir ici, héhé ! 
Dis-je tout fier de ma conclusion, peut-être avec une pointe de prétention aussi. 

Je me change, dans les vêtements trop amples pour moi, d'ailleurs Sky aussi ! J'éclate de rire devant son accoutrement ! Je me demande si j'ai l'air aussi riddicule que lui, Haha ! 

Je me rapproche de lui et de mon index, je lui fais relever la tête pour regarder sa plaie cachée derrière un pansement. 

-Ça va mieux ta blessure ? 

Cette proximité à l'époque ne m'avait jamais dérangé, elle me semblait... Normal. Mais l'était-elle réellement ? Je commence à me poser des questions. J'aime à croire qu'à cette époque, c'était innocent. 

-Bon, les gamins ! C'est bien beau tout ça mais nettoyez-moi tout ce bordel que vous avez provoqué ! 
Fis Antonio en nous lançant des loques sans cérémonial à Erskine et à moi.

- Ben oui !

Ma réponse est une évidence pure et dure. Ben oui, je veux qu'il revienne !

Je suis vraiment surpris de la vitesse à laquelle nous avons pu créer ce lien à l'époque. Il n'a suffi que de quelques secondes pour que j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Serait possible en tant qu'adulte de créer des liens aussi facilement ? Aussi rapidement ? En partant d'un seul mot ? D'un seul rire ? J'en doute. C'est ce que j'admire chez les enfants. La simplicité avec laquelle ils appréhendent le monde.

Il éclate de rire en me voyant dans mon nouvel accoutrement.

- Maiiis ! C'est pas ma faute, si c'est trop grand ! Toi aussi je te signale, alors ne rigole pas trop fort !

Je me vexe et croise les bras sur ma poitrine et je suis pourtant incapable de lui tourner le dos. Je ne veux pas lui tourner le dos. Il me prend par surprise quand il s'approche de moi sans prévenir pour me lever la tête. J'ai sans le vouloir un petit geste de recule puis me laisse faire.

- ça va mieux ta blessure ?

C'est marrant, il fait comme moi avec Keanna. Comme un grand frère ! ça me fait bizarre. C'est moi le grand frère d'habitude. J'aurais voulu lui demander s'il a aussi des frères ou des soeurs. Mais je n'ose pas. Et s'ils n'étaient plus là ? Comme ça maman ? Je ne veux pas qu'il soit triste encore.

- ça fait mal mais ça va passer, je suppose. Et toi, ta jambe ? Je demande avec inquiétude.

En réalité, mon menton me brûle et ça lance dans toute la mâchoire. Maman et papa ne vont pas être contents.

Quand je repense aujourd'hui à notre relation de l'époque, nous avions une proximité toute particulière. Je me demande parfois si ce n'était pas un signe avant-coureur des sentiments que je pourrais développer pour lui par la suite en étant adulte. Peut-être que je cherche trop loin, aussi. C'est une possibilité. Nous n'étions que des enfants, après tout.

Vient le moment où Antonio nous ordonne de nettoyer.

- Tu sais, Antonio, Maman elle veut pas que tu parles comme ça à des enfants.

Je ramasse une des loques qu'il nous a balancé. Une sorte de vieux tissu complètement détrempé. Je grimace. Je déteste toucher du linge mouillé. ça me fait frissonner à chaque fois et aujourd'hui ne fait pas exception.

- Ouais belle elle est pas là et vous êtes chez moi, ici. Puis je suis sûr qu'elle ne sera pas contente non plus quand je lui parlerai de votre bêtise alors à ta place je veillerais à ne pas trop ramener.

Un noeud se forme dans mon ventre. Non ! Elle va se fâcher ! Je n'ai pas envie de la décevoir...

- Non !

Le cuisinier grogne et grimace.

- C'est bien ce que je pensais. Je dirai rien mais nettoyez vos conneries.

Je baisse les yeux et soupire. Bon...Plus le choix.

- Oui... Allez, Art. Au travail...

Ben oui. Cela semblait être une évidence pour Erskine. Pas pour moi à cette époque. C’était assez étrange. Moi qui étais si… Aventureux, voyageur, rares sont les fois où je revenais au même endroit. Sauf chez moi, évidemment mais je passais souvent inaperçu à cause de mon frère. Ce dernier à l’attention de mon père, il n’arrête pas de dire qu’il lui ressemble. Mais à qui au juste ? Et nous sommes jumeaux ! Je ne suis pas né de la dernière pluie, je sais que nous sommes pareils ! Alors pourquoi lui serait-il plus… Et moi moins… Je ne sais pas ! Mais c’est vrai que nos caractères sont bien différents. Mon frère jumeau est si calme, tranquille. C’est peut-être de lui que je me suis inspiré de ce calme tranquille, celui que beaucoup de gens utilisent pour me décrire. S'ils savaient, je ne tenais jamais en place enfant ! Je partais, je voulais m’éloigner d’un père qui m’ignore et d’un frère malade. Je le regrette un peu, c’est vrai. Au fond, je n’ai jamais su qui était mon propre frère. Je n’ai jamais pris la peine de le connaître. Peut-être étais-je jaloux de mon petit frère ? Il était le centre de la famille, et je n’ai compris qu’en le perdant qu’il en était aussi le cœur. Je souris, tristement. Je suis content qu’il veuille encore de moi malgré les bêtises que je lui ai fait faire mais… Mais… C’est mon premier ami. Et cela m’a fait penser à la famille. Parce que l’amitié, c’est une famille que l’on choisit. Non ? Il n’y a pas vraiment de terme de famille, Erskine n’était ni un frère, ni un cousin, juste… C’était ma famille. Sans plus, sans contrefaçon. C’est ainsi que je le voyais. J’étais plus proche d’Erskine que mon alter-ego ! Je l’ai adopté. Peut-être pour une mauvaise raison. Pour combler ce vide en moi. Cela ne rendait pas mon amitié moins vrai envers Erskine ! Mais… Je ne savais pas. Maintenant je dirai juste qu’au contraire, je savais….

C’est son accoutrement qui m’a sorti de mes pensées. Les bouderies et plaintes d’Erskine à mes rires ont provoqué d’autant plus de rires de ma part. Entre deux rires, je rétorque. 

-Mais moi, je suis magnifique dans tout ! 

Je le voyais me bouder, les bras croisés, je trouvais ça… Je le trouvais attendrissant comme ça. Et non, il ne m’a jamais tourné le dos. C’est moi qui l’ai fait… 

-Une dame a dit que toutes les blessures guérissent avec le temps. Ma jambe ? Pfoua ! Même pas mal ! 
Je n’avais pas compris le double sens de ses propos. Elle avait raison, et tord, je suppose. Et le fait de me vanter de ne pas avoir mal n’avait sûrement pas aidé à ma compréhension ! 

Je ne peux m’empêcher de grogner dans ma barbe. 
-Mais heeu, pas juste. 

Cela n’empêche pas Antonio de nous balancer un linge mouillé sur nous comme un malpropre ! 

Tandis qu’Antonio menace Erskine de tout révéler à sa “maman”. Je ne dis rien, j’allais faire un commentaire mais le cri de… Je ne sais pas peur, appréhension, des deux peut-être, m’a fait taire ma bonne répartie. Il faut qu’Erskine et moi, on fasse front commun ! Ne rien dire, c’était ma façon à moi de le soutenir. 

Antonio accepte de ne rien dire, c’est déjà une bonne nouvelle ! Je souris à Erskine, puis je lui chuchotte à l’oreille. 
-Pff, c’pas une pomme pourrie pour rien. 

-Je t’ai entendu, vaurien ! 

-Oups. Je m’y mets Tony ! 
Fit Art’ en fuyant, plus nettoyant Antonio. En vrai, cela pourrait être amusant, non ? 

J’entends Antonio soupirer de ce surnom. 
-Pas un pour ratrapper l’autre… 

Je ne sais s’il parlait de ses surnoms dont je l'affublais ou de nous deux…