Crystal Cornwall, un joyau qui veut retrouver son écrin

Je suis née le 19 août 1791 dans la demeure familiale londonnienne. Ma naissance fut une véritable déception pour mon père qui m’associa immédiatement comme un déchet, une petite chose inutile. Si Mère n’avait pas été là, j’aurais sûrement finis devant le pas d’une église, voir pire. Mais elle me protégea, moi son premier enfant et c’est sur elle que se reporta toute la colère de mon père.

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Il tenta bien de se remarier, de faire la cour à d'autres femmes, mais tout les pères refusèrent de lui donner la main de leurs filles. Après tout, pourquoi sa première femme avait-elle finis dans le fleuve ? Et qu'était advenu de sa fille qu'on ne voyait jamais. Aucun père ne voulait cela pour sa fille.

De mon côté, mon enfance qui n’était déjà pas très joyeuse, étant détesté et ignoré par l’un de mes parents, changea radicalement de direction. Mère étant à peine mise en terre, je fus envoyé dans un pensionnat, puis un autre et encore un autre, toujours les meilleurs, réputation oblige. Je ne rentrais jamais à la maison durant les vacances et quand je le faisais, j’étais reléguée à la partie des domestiques, n’étant rien pour mon père. Toutes mon enfance se déroula ainsi, élevée par des domestiques qui me servit de seconde famille et à qui je racontais tout, à défaut de le faire avec mon géniteur. A ses yeux, il était veuf d’une incapable qui n’avait jamais su lui donner un enfant, je n’existais pas, du moins un temps. Et un jour, j’eu dix-sept ans, j’étais au pensionnat, en cours, quand je fus convoqué dans le bureau de la directrice. Là-bas, face au bureau, attendait mon père et un inconnu qui semblait avoir le même âge que lui. Tout d’abord, je ne compris pas ce que je faisais là jusqu’à ce que l’homme me décroche un tendre sourire, comme rassurant, et que mon père se mette à parler à la directrice, comme si je n’existais pas.

« Comme je vous l’ai expliqué plus tôt, je vous remercie de tous les bons soins que vous avez apportés à mon enfant pour qu’il puisse s’intégrer à notre société. Mais à partir d’aujourd’hui nous vous libérons de cette charge. Monsieur le Baron de Cornwall ici présent m’a demandé la main de mon enfant et je l’ai accepté. Elle va dès aujourd’hui rejoindre son nouveau foyer. Encore merci pour tout. »

Puis il se leva, salua la directrice et partit sans me jeter un seul regard alors que l’homme resta pour régler les derniers détails logistiques. Quant à moi, ce fut sonné que j’allais faire mes bagages accompagnée d’une surveillante pour m’aider, et me consoler quand je craquai enfin, fondant en larmes devant cette situation dans laquelle je n’avais même pas été consulté. Quand je rejoignis l’entrée, les yeux rouges et le visage tout défait malgré tous les efforts de la surveillante, mon mari eu la délicatesse de ne pas relever, me tendant juste un mouchoir pour que je puisse m’essuyer les yeux. On monta dans sa berline frappée de ses armoiries et on se mis en route pour notre nouvelle demeure.

Les jours suivants furent compliqués. Je ne sortais que rarement de ma chambre, déjeunant dans mes quartiers et ne rejoignant mon époux que pour le diner que j’avalais dans le plus grand des silences avant de retourner dans ma chambre.
Il fallut plusieurs semaines et beaucoup de persévérance pour que le Baron arrive à m’apprivoiser et que j’accepte de passer du temps à ses côtés. Malgré notre énorme différence d’âge, il s’avéra être un homme de culture et dont j’apprécia très rapidement la compagnie. Bientôt nous passions de longues soirées au coin du feu à discuter de différents sujets et échanger nos avis sur différents sujets. Si bien que quand je devins la Baronne de Cornwall, je ne l’aimais pas, mais j’avais pour lui une immense affection et un profond respect pour cet homme avec qui j’allais finir mes jours. Je n’approuvais pas du tout les termes du contrat qui avait été passé entre lui et mon géniteur, cette impression que je n’étais qu’une simple monnaie d’échange dans un contrat commercial, mais j’avais compris que je pouvais en tirer un avantage pour moi-même. En échange de son influence et une promesse de laisser mon père profiter des cercles mondains en l'y faisant entrer, mon époux avait obtenu assez de fond pour ouvrir son commerce dans les Indes qui promettait moult richesse, et peut être par là la possibilité de remplir les caisses de sa baronnie. De mon côté, je décidais d’en retirer de tout cela que j’avais échappé au contrôle de mon père et que j’étais plus élevé socialement que lui. Je me fis même la promesse que plus jamais je ne me laisserais écraser par cet homme qui n’avait pas su s’attirer la sympathie de sa propre enfant tout simplement parce qu’elle n’était pas née de sexe masculin et que son égo masculin en avait été froissé. Et j’assurais d’autant plus ma position et ma supériorité quand je tombais enceinte et donnait naissance à un magnifique garçon. J’avais donné naissance à un héritier, je devenais quasiment intouchable.

Les années passèrent et une routine s’installa dans ma vie de famille. Ne voulant pas que mon enfant vive ce que moi j’avais vécu, je me consacrais totalement à son bonheur et en fit le centre de ma vie. Il eu une nourrice mais nous nous partagions son temps toutes les deux, l’élevant ensemble. De son côté, mon époux voyait son comptoir aux Indes se développer et prospérer à grande vitesse et il arrivait très souvent qu’il y voyage pour les affaires, partant durant de longues durées et me laissant gérer la maisonnée à sa place pour les affaires courantes, soutenus par son intendant. Mais ce bonheur conjugal ne dura que six ans. Un jour, alors que mon époux venait de rentrer chez nous après un nouveau voyage dans les Indes, il tomba subitement malade. Il se plaignit toute la journée de maux de tête, d’avoir froid et le médecin appelé en urgence ne put pas le soulager. Le soir-même, tout le monde tomba dans le deuil, il s’en était allé rejoindre notre Seigneur.

Alors que je pensais être à l’abri, mon Enfer personnel repris. Je me devais de respecter une période de deuil d’un an et pendant 6 mois je n’allais pas pouvoir toucher aux affaires de mon mari. Ce fut donc mon père qui se proposa de les administrer, en mémoire de son défunt gendre. Et même si je m’y opposais, on ne m’écouta pas et c’est lui qui se retrouva à gérer la fortune de mon fils. Je le connaissais, je savais comment il était, il avait soif de pouvoir. Et j’avais bien compris qu’il me serait difficile de récupérer cela une fois que je pourrais retourner en société.
Et je ne fus nullement déçue, sous couvert de sollicitude, il nous spolia de tout nos biens, soit disant qu’en tant que femme et veuve éplorée je ne pouvais pas m’occuper des finances de mon mari. Quand le délai des six mois fut passé, il me mit même à la porte de ma propre demeure pour que j’aille loger chez une amie, pour que je ne sois pas seule à élever mon enfant. D’ailleurs, il essaya bien de me le retirer, mais je réussis à le garder à mes côtés, jouant le rôle de la veuve qui a besoin de se raccrocher à un souvenir de son époux. Je savais que si je le laissais entre ses griffes il en ferait une ordure comme lui l’était.

La période de deuil est à présent finis, je peux reprendre une vie normale et je compte récupérer ce qui appartient à mon fils. Pendant un an, j’ai eu le temps de réfléchir à comment me venger et bafouer l’honneur de mon propre père qui n’en mérite même pas le titre. Je m’occupe également de mon enfant qui illumine mes journées de son innocence et sa candeur. Je n’ai pas encore eu le cœur de lui annoncer que son père est bien mort, il le croit en voyage depuis longtemps. Certes il m’a vu pleurer bien des fois, être qu’une silhouette noire pendant 6 mois et je sais qu’il doit se douter de quelque chose, mais je ne veux pas encore lui retirer son innocence. Tout comme, si je réfléchis à un moyen de me venger de mon géniteur, je lui ai tût tout cela, et je continuerais à le faire. J’en ai fait une affaire personnelle, il n’a pas à être impliqué dedans.