Melpomène et Thalie

Le théâtre, la tragicomédie, l'art allié des muses Melpomène et Thalie...

Corneille

Le Cid.

La pièce française, merveilleusement traduite en anglais, avait enchanté le vicomte, qui avait une fois de plus emmené son ami d'enfance au théâtre.

Oswald aimait le théâtre. Il en aimait le rythme, la diction, les alexandrins et la passion. Il ressortait de là, l'esprit en vers et l'âme à l'envers.


Ils rentraient ensemble vers Esternay House dans les rues vides et uniquement éclairées par les lampadaires, Le Colonel refusant à son ami de le raccompagner chez lui quand saisit d'une impulsion, Oswald caressa la main de son ami, avant de se mettre à trottiner en arrière devant lui.

Saisi  d'un élan de romantisme, mais sans faire d'autres gestes équivoques pour qui les observerait, il se mit à déclamer le début de la scène 2 de l'acte 1, quand l'infante avoue son amour pour Rodrigue:

"Ma tristesse redouble à la tenir secrète.
Écoute, écoute enfin comme j'ai combattu
Écoute quels assauts brave encore ma vertu..."

La suite, parmi plein de mots, mentionnait de l'amour et quelque part, Oswald avait très envie d'entendre ces mots de la bouche d'Earnest. Et puis une citation, ce n'était rien de très concret, hein?

Earnest marche auprès de son Eagle, son ami. Enfin, celui-ci ne porte le terme "ami" que de nom. Il est certain qu'entre eux, il y a beaucoup de non-dits. Pour sûr, rien que cette soi-disant relation, pour leur époque, est déjà ce qui s'apparente le plus à une révolution. Earnest soupire de lassitude. Mais pour Oswald, il abordera la meilleure des attitudes. Si Eagle le pense désintéressé de leur rendez-vous, Wolf en sera contrarié. Car ce n'est en rien la vérité. C'est juste que des sentiments contradictoires viennent à remettre en question son jugement. Lui faire la cour, ce sont les propos d'Earnest pour Oswald. Ce dernier est sans conteste, dans la saga de la vie du loup, son scalde. Il n'empêche que leur faiblesse l'un pour l'autre causera bien des tourments. A qui ? A tous ceux qui les côtoient mais surtout à eux-mêmes. Le prédateur terrestre pourrait en faire fi. Le problème c'est qu'ils pourraient bien récolter ce qu'ils sèment. Il ne peut arrêter d'y penser. Depuis la guerre, il réfléchit beaucoup plus à son futur, si tenté qu'il en ait vraiment un. Il est pris dans ses réflexions houleuses. Le touché de son ami le ramène à la réalité. Il secoue sa tête, perturbé. Cette caresse à peine voilée est tellement douce qu'elle en est douloureuse.

Il lui offre tout de même un sourire, bien que toujours dans le monde des songes éveillés. Eagle s'éloigne de lui en allant plus vite afin de marcher à reculons. Certes, le roturier devrait s'occuper de l'être qui est en face de lui et non de celui qui est la cause principale de ses préoccupations. C'est alors que les paroles précédemment entendu, Oswald s'évertue à les répéter.  

C'est avec un rire qu'Earnest comprend où son ami d'enfance veut en venir. Il n'y a qu'Eagle pour faire passer un message de manière si détournée. L'ancien militaire est étonné. Pourquoi cet acte de l'infante, le prédateur des airs ne peut le terminer ? Aurait-il oublié ? Ou est-ce provoqué ? Earnest comprend dès que son regard se pose sur Oswald, que c'est au soldat de finir.

-L'amour est un tyran qui n'épargne personne :
Ce jeune cavalier cet amant que je donne...

Il ne peut finir ce paragraphe. Ces derniers mots, il ne pourrait leur offrir triomphe. Ce qu'il peut lui offrir n'est un regard désolé. De plus il fit à l'aide de sa main, Oswald s’arrêter. Le prédateur, de ses nuits déguisés en barman, prend fermement mais avec la plus grande prévenance le poignet du vicompte Esterney. C'est en portant cette main -qui n'est pas la sienne- à son coeur, que Sir Wilde peut s'exprimer, sans la poésie pour l'y aider, cette confidence à peine murmurer n'aurait naquit à la date de jamais.

-Mets ma main sur mon cœur.
Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur,
Comme il le reconnait.

C'est à ces mots, que sa main autour de son poignet se défait.

L'amour est un tyran qui n'épargne personne :
Ce jeune cavalier cet amant que je donne...

Il ne l’aime pas. Il lui accorde juste un regard désolé. Oswald détourne le regard. Il ferme les yeux, luttant contre l’émotion qui l’envahit et le submerge.

À quoi s’attendait-il aussi ? Ils se connaissaient depuis longtemps, mais ils avaient été fâchés si longtemps…

Une main s’empara de son poignet et posa sa paume sur la poitrine de son ami. Incapable de bouger ou de respirer, Oswald se laissa faire, savourant le contact de ce gilet, de ce manteau, et du coeur qu’il sentait battre en dessous. SON Coeur.

Aelis se rappela a son bon souvenir. Il sera le point et l’ôta de la poitrine de son ami. Il… Il était temps de lui en parler.

«Je… Je… J’aimerais t’en dire plus. Mais je dois te parler de quelque chose. Tu vas peut être me détester. Je te mets plus dans la position de l’infante que tu n’imagines…»

A cette déclaration, Earnest entend son cœur raisonner dans sa tempe. Il ne veut pas que cela soit prononcé mais... Il le savait que c'était inévitable. Il le savait qu'Oswald se mariera et qu'il aura sûrement des enfants magnifiques avec cette femme magnifique et que lui, il ne pourra jamais figurer sur le tableau de cette magnifique famille.

Bien sûr que cela le blesse. Bien sûr que sa peine est immense mais il s'y est préparé. Peut-être pas assez, certes.

Il acquiesce de la tête un peu plus froidement qu'il ne l'aurait cru. Il se recule, il met une distance entre eux deux pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux.

-Je comprends et je ne peux que l'accepter.

Il le dit, mais il ne pose pas cette question, celle qui lui brûle les lèvres. Qui est l'heureuse élue... ? Il lui souhaite tout de même le meilleur du monde, avec cette femme, cette inconnue. Oswald en est-il épris ? Ou est-ce juste une couverture ? Eagle serait sûrement outré qu'il se demande cela, qu'il doute du petit début qu'ils commencent ensemble.

Et une fois marié ? Il restera quand même à lui ? Son coeur pourra être conquis par Earnest ? L'infante vivait dans un amour unilatéral... Cela sera donc le même sort qui l'attend ? Est-ce cela, les propos sous-entendu de son Eagle ou est-ce qu'il se leurre ? Peut-être devrait-il partir, juste pour son bonheur. Il ne lui apportera rien si ce n'est des tourments. Cette discussion en est la preuve. Mais il ne peut encore fuir. Il n'en a plus la force.

Le moment éclate sous l’impulsion de la maladresse d’Oswald. Il voit bien qu’il fait souffrir son ami. Il s’en serait frappé de dépit. Mais s’il ne l’avait pas dit maintenant il l’aurait dit quand? Quand ils auraient été plus impliqués l’un avec l’autre? C’eut été intolérable.

«Ta réponse devrait m’apaiser, elle me frustre. Je veux…»

Le vicomte passa sa main dans ses cheveux et les tira, ruinant sa coiffure. Il s’assit sur un banc obligeamment posé là par le destin (ou la joueuse). Il voulait qu’Earnest tempête et proteste. Il voulait qu’il soit jaloux et en colère. Il voulait sentir sa possessivité  et… Et son amour.

«Je veux des choses que je n’ai pas le droit de te demander.»

Un long silence s’étira entre eux. Oswald en profita pour réfléchir intensément avant de commencer lentement.

«Je te veux… toi. Dieu me vienne en aide, je veux deux choses dans la vie. Toi et rendre mon père fier de moi. Deux choses difficiles à concilier. Je ne te veux pas seulement dans ma vie, je te veux au centre de celle-ci. Quand tu étais parti, c’était si simple. Je n’avais que mon père à rendre fier. Ton absence était une épine dans mon pied qui me faisait souffrir à chaque pas, mais je savais où aller et comment y aller. J’ai choisi Aelis O’Connor la meilleure amie de ma soeur. Elle est intelligente et bien née, elle fera une comtesse parfaite et sera une lionne pour nos enfants. Si je réussis à en concevoir. C’est une femme… Et puis tu es revenu dans ma vie. Je ne sais même pas si je t’aime toi ou si j’aime le souvenir de toi, mais je veux… Je veux…»

Oswald s’interrompit en sentant une larme tomber sur sa cuisse.

«Je veux réapprendre à te connaitre, t’embrasser, t’emmener danser ou manger une glace chez Gunter. Je veux aller plus loin avec toi, mais pas comme… Pas comme avec mes précédentes conquêtes, je veux… avoir ce qu’ont les amoureux. Mais je… Mais je suis un homme. Et toi aussi. Et ce n’est pas possible. Parce que je dois aussi rendre mon père fier. Pour cela j’ai besoin d’avoir une femme, d’avoir des enfants… Je dois honorer mon titre et le transmettre…»

Cette fois, Oswald était bien en larmes, assis, sur ce banc.

Sa colère était muette. Sa tristesse sourde. Son âme se faisait violence en écoutant les paroles d'Oswald. Il était calme. Mais il avait l'impression d'être un volcan en irruption qui avait besoin d'exploser et de répandre toute sa lave pour pouvoir respirer. Là, il suffoque. Il se noie dans les paroles d'Oswald. Il ne sait pas quoi lui répondre. Il a envie de se libérer de cette douleur en la partageant avec son Eagle mais... Celui-ci souffre déjà, il n'a pas besoin que Wolf vienne déverser toute sa peine, sa colère, sa tristesse, sa douleur, sa frustration, son impuissance, en plus des tourments personnels du vicomte. Eagle a assez à gérer. Earnest pourra se débrouiller, ce ne sera pas la première fois. S'il a pu enlever de sa peur pendant les champs de bataille, il pourra sans nul doute supprimer cette rancœur qu'il éprouve pour Oswald, lui-même et le destin.

-Je te veux également.

Mais il ne l'aura pas complètement. C'est normal. Ils sont tous les deux des hommes. Leur union est impossible, impensable. Plus Oswald parle, plus ses propos semblent acérés, Earnest pense qu'un coup de couteau lui ferait moins mal. Non, il le sait. Il en a déjà reçu et c'est moins douloureux de ressentir cette douleur physique que de souffrir d'un mal qui ne peut être vu. Peut-être parce que ce dernier, personne n'est capable de savoir si c'est bien cicatrisé.

Le barman s'est arrêté ? Earnest ne l'a même pas remarqué. Il reste stoïque. Il regarde le banc, il ne peut regarder Oswald. Pas encore. Pas tout de suite. Pas maintenant. Parce qu'il sait qu'il ne pourra plus faire semblant. Encore quelques minutes et après, il pourra lui mentir droit dans les yeux en assurant à son Eagle que tout va bien. Que Wolf va bien. Il prend une profonde expiration.

-Elle semble être la femme toute désignée. Je te souhaite que ton nom prospère et que ton père soit fier, ton paternel a de quoi l'être. Je te l'assure.

Il entend les larmes, pourtant il ne sait ce qu'il doit faire. Il n'a pas l'habitude de consoler. Ni des hommes, ni des femmes.

Tout ce qu'il peut faire, c'est s’asseoir, malgré son agitation interne pour prendre Oswald dans ses bras.

-Je serai tout ce que tu voudras de moi, Oswald. Je serai ton meilleur ami, ton confident, ton ami, ta connaissance, le méchant de l'histoire, le sauveur, l'homme du passé révolu, ton amant, ton homme, je serai à la place où tu me cantonneras. Tu me demandes de partir, pour que ta souffrance cesse, je le ferai. Tu me demandes de te suivre, je serai ton ombre. Tu me demandes un ami, je serai le meilleur que tu n'ais jamais eu. Je peux être ton tout et je peux être ton rien du tout.

Il soupire.
-Mais je ne peux te promettre d'être silencieux face à cette jalousie que j'éprouve envers une femme qui me semble honorable. Je ne peux pas te promettre de ne pas être en colère quand tu me parleras d'elle. Je ne peux pas te promettre que je ne ferai pas des scènes.  

Il passe ses doigts dans les cheveux d'Oswald en signe de réconfort. Il lui montre qu'il est plus qu'une épaule sur laquelle pleurer mais aussi, un soutien physique. Si Oswald tombe, Earnest le portera à bout de bras, s'il le faut, pour le relever.

Le vicomte se blottit contre son ami le temps d'un instant.

"Je ne te demande pas d'être silencieux. Je ne te dis pas tout ça pour que tu l'acceptes. Je te le dis parce que... parce que je ne veux pas que tu l'apprennes par quelqu'un d'autre. Ou pire, par le journal. Je la courtise depuis déjà quelques mois. Elle n’est... pas encore très emballée, mais je vais la convaincre. Je..."

Oswald se dégagea des bras d'Earnest. Il avait laissé sa faiblesse profiter des bras de son ami l'espace d'un instant, mais il ne pouvait se permettre plus. Ils étaient dans la rue. En public.

"Ton retour a bouleversé ma vie. Mes plans. Depuis ton départ, je n'ai aimé personne. J'ai eu des aventures, mais pas de romances. Je ne sais pas pourquoi exactement. Mon coeur ne s'est pas rouvert. Et maintenant..."

Maintenant, tu es là et je suis perdu.

Perdu, mais... Mais Oswald a envie de... Envie de tester des choses. Il a envie de plus que du théâtre avec son ami. Il a envie d'intimité.

Alors il se lève. Il prend la main d'Earnest et il l'attire vers la rue. Il prend un chemin qyu'Earnest ne connais pas. Un chemin qu'Oswald n'a montré qu'à une poignée d'amis. D'amants. Ils arrivent devant une petite maison bourgeoise au jardinet propret et bien entretenu. Oswald sort une clef de sa poche, ouvre la porte et fait signe au colonel d'entrer.

"Ici... Ici nous pourrons être nous même. Qui que nous sommes."

Oswald attend, n'osant pas brusquer son ami.

-Tu as bien fait, Eagle.

Il lui sussure, calme, imperceptible. Sa gorge le serre et les mots restent bloqués. C'est une torture. Il le déteste. Pour cela, ces émotions non voulues. Cette peine immense qu'il ressent. Et le fait que le vicomte à beau dire, il n'en reste qu'Earnest ne peut qu'accepter cette situation. Et ils le savent.

Le colonel déteste cela. Ce n'est pas grave. Avec le temps, la haine et le chagrin se tarissent. Peut-être qu'au fond, c'est bien de cela qu'il a manqué. De temps. Du temps proche d'Oswald.

Comment était-ce déjà ? Ha oui ! Là où il y a un désir, il y a une flamme. Et la où le feu consume, quelqu'un est sûr de se brûler. Et en ce moment, Earnest veut prendre le risque de jouer avec le feu, quitte à se conssumer pour disparaître et n'être qu'un tas de cendre. Mais l'accepter ? Maintenant ?

C'est trop tôt.

Bien évidemment, cela ne peut pas être si facile. Ses sentiments ne peuvent être si dociles. Alors pour l'instant, il ne dit rien. Il serre juste les poings devant cette injustice. Car la vie vient de lui asséner un coup et il aimerait bien lui rendre l'appareil. Bien sûr, il ne peut pas. Il ne va pas agresser un homme dans la rue simplement pour se défouler ! Ce n'est tout de même pas une brute.

Il est parti loin dans ses pensées, dans ses retranchements, derrière ce mur qui l'a séparé d'Oswald, de son homosexualité refoulé. Certes, il n'est pas gay. Il l'est juste devenu car il a eu la chance -quoique la malchance correspond peut-être plus à leur situation- d'être épris d'un homme. Hors, cela ne le définit pas. Et pourtant...

En revenant à lui, il a remarqué que l'aigle n'était plus dans ses bras, et lui, le loup était debout, un peu position militaire si ce n'est qu'il regardait le coin du banc. Ailleurs.

Il n'a entendu que de manière lointaine la confidence de son Eagle. Ironie du sort ? Que ce soit Eagle ou Wolf, aucun des deux n'ont pu rouvrir leur cœur pour un autre. Peut-être qu'au fond, la vraie question c'est : comment l'ouvrir s'il n'a jamais été complètement fermé ? Comme un creux béant invisible à l’œil nu mais il est là, cela se ressent.

Il revient à lui, une énième fois, quand il voit qu'Oswald se lève. Il sent le contact de leur main ensemble, un air de déjà vu. Il est tellement pris dans sa lutte interne qu'il ne remarque même pas leur avancé dans cette ruelle, dont il ignore l'existence, jusqu'à cette maison. C'est lorsque le Vicomte l'invite à entrer, du moins il le suppose -n'ayant vu qu'à moitié son geste- et que la porte claque qu'il revient à lui. Cet état second, il y est encore un peu mais quand Oswald parle, il ne peut que revenir sur Terre rien que pour l'écouter. Parce que... Hé bien, cest Eagle.

Mais alors que les paroles furent prononcées, il ne peut que le regarder dans les yeux, sans bouger, sans expression. Il y a quelques mètres entre les deux hommes. Le colonel soupire. Puis s'exprime après ce silence pesant.

-Nous pourrons être... Nous-même... ?

Mais que sont-ils ?

Earnest n'en sait rien mais il sait ce qu'il veut maintenant, tout de suite, sans plus attendre, sans se préoccuper du regard des autres, du jugement des inconnus. Eagle veut voir le vrai Wolf ? Hé bien il aura ce qu'il souhaite.

En espérant qu'Oswald le souhaite également. Non, il ne parle plus de la même chose. Juste... En partie.

Il fait quelques pas vers cet homme, il ne reste que quelques centimètres entre les deux. Et maintenant, Earnest va juste réduire la distance qu'il y a en trop entre lui et son Eagle. Il vient écraser ses lèvres sur celles du vicomte dans un élan de possessivité. Une manière de lui faire comprendre que l'aigle est au loup, ce que le loup est à l'aigle. A lui.

Le ton hésitant de Wolf fige Oswald une seconde pendant qu'il referme la porte derrière son ami.

Il ne sait pas? Il ne sait pas qui être? Qui il est? Qui ils sont? Est-ce que Oswald a eu tort de l'inviter ici, dans sa très secrète gentilhommière? Les hommes invités ici se comptaient sur les doigts d'une main. La seule femme à n’être jamais entré était une femme de ménage héritée de l'ancien propriétaire. Cet endroit, c'est le jardin secret d'Oswald. Rien ici ne pourrait remonter a lui, il n'y a son nom nulle part, si ce n'est sur le certificat de propriété. Il n'y a nul objet compromettant, aucune trace de pornographie déviante comme certains de ses compagnons d'infortune peuvent en posséder. Même ici, il était méfiant. Mais ici, ici... Ici, il se permettait ce qu'il ne se permettait jamais.

Ici, il se permettait de se considérer homosexuel. Et non déviant. Ici, il avait droit à de la tendresse, à des contacts, a du plaisir. Ici, il se permettait de se lâcher comme rarement. Ici ce n'était pas... sordide. Ici il s'autorisait à considérer sa déviance comme normale.*

Il ferma et verrouilla la porte, laissant la clef sur la serrure, comme à son habitude.

Mais Wolf s'approche, s'approche. Leurs souffles se mêlent. Oswald a le temps  de se demander s'il ne rêve pas. Si le retour d'Earnest n'est pas un rêve qu'il fait. Un de ces nombreux rêves qui le laissaient aussi réconforté que frustré au réveil.

Mais contrairement aux Wolfs des Rêves, soudain, celui-ci franchit les quelques centimètres qui les séparent et écrase ses lèvres sur celles d'Oswald qui ne demandait que cela.

Le baiser est long, très long. Plus d'une fois, les deux hommes s'écartent pour reprendre leurs souffles avant de retrouver le chemin de leurs bouches respectives. Plus d'une fois, Oswald se dit qu'ils doivent arrêter, qu'ils doivent parler, que c'est pour cela qu'il l'a amené ici, pas juste pour... s'embrasser.

Mais s'embrasser est tellement bon. Mais s'embrasser c'est tellement mieux que d'en rêver et de s'arrêter à quelques millimètres d'Earnest... Mais embrasser Earnest C'est tellement...

Bientôt, les mains du Vicomte échappent à son contrôle. Il attrape les épaules de Wolf, son dos, ses hanches... Il a envie... Il a envie de parcourir son corps entier et de...

Ses mains, se baladant actuellement sur les pectoraux de l'ancien Colonel  le repoussent soudainement.

"Stop. Stop. Stop... Bon Dieu, Wolf, Stop."

Oswald est essoufflé, excité comme jamais un baiser ne l'a excité, mais... Il ne peut pas... Il ne peut pas juste entrainer son ami dans la chambre et... Non.

"Bon Dieu, Wolf. Bon Dieu! Veux-tu... Veux-tu... Que veux-tu être?"

Son regard parcourt le corps de son ami. Un corps à la fois semblable et différent de son corps d'adolescent. Un corps qu'il n'avait jamais osé détailler comme ça. Comme on détaille un amant longtemps espéré. Un corps de Soldat. Sans doute marqué, il s'y attend. Il s'en veut. Sans lui, Wolf ne serait peut être même jamais entré dans l'armée. Un corps qu'il veut connaitre. Ô Dieu qu'il veut le connaitre...

Alors... Alors qu'il voulait vraiment entendre la réponse de Earnest, il ne peut s'empêcher d'ajouter, même s'il sait que cela fera tout basculer, dans un sens ou dans un autre...

"Veux-tu être mon amant, cette nuit?"

*Cela semble évident pour une personne de notre siècle, mais n'oublions pas qu'Oswald est un homme d'il y a deux siècles. Il a une très mauvaise opinion de lui-même, mais il a tort. L'homosexualité est normale, ce n'est pas une déviance. Bisou.

Il a envie de plus, de plus que des baisers. Il veut embraser pour la première fois ce qu'il veut être, ce qu'il désire ardemment. Il accepte ce qu'il ressent. Bien qu'il n'a pas encore de mot pour définir ce que c'est, ce sentiment. Cette sensation qui parcourt son corps. Cette envie insatiable de connaître sur le bout des doigts le corps de son vis à vis. La preuve étant ses mains positionnées en dessous des reins du vicomte, dans l'unique but que leur corps soit encore plus proche. Au delà de ce que la physique et le métabolisme l'autorisent. Ses lèvres sur les siennes, impossible de se décoller si ce n'est pour respirer. Son désir est croissant tandis que ses pensées deviennent floues. Est-ce que cela va trop vite ? Il ne veut pas y penser. Pour l'instant, il veut juste Oswald. Ses lèvres sont addictives et son contact, plus qu'un désir devient un besoin. Puis tout devient plus espacé, Oswald, lui demande de s'arrêter de manière non audible, juste par des gestes. Earnest ne sait pas s'il doit continuer ou arrêter, Oswald n'a encore rien dit et s'il gâchait ce qui semble être une baisse de rythme simplement pour prendre leur temps ? Il ne sait pas. Il doute. Il hésite. Et peu à peu, ses lèvres ne touchent plus celles d'Oswald. Son souffle est lourd, saccadée, sa respiration sifflante mais il n'a qu'une seule envie, continuer. Pourtant...

Oswald dépose ses mains aristocratiques sur son torse dans le seul but de le dissuader. Il éteint ce désir ardent qui sommeil en lui. Il refrène cela, d'un simple soupire. Par respect envers le souhait de son vieil ami et puis par honneur, jamais il ne forcera quoique ce soit, pas même un baiser ! Que ce soit envers un homme ou une femme. Il n'empêche que son excitation reste, tapis au fond de lui. Ne voulant plus voir l'homme de ses fantasmes pécheresses, il pose son front sur l'épaule du vicomte dans le seul but de faire le point, pour éviter que le noble ne doive porter entièrement son poids, il pose une main -sur le mur, une commode, un meuble ? Il ne sait pas trop- pour le soutenir. Il fait fi du visage d'Oswald, pour ne pas être dicter par... Ses instincts. Suppose-t-il.

-Que puis-je être ?
C'est la seule réponse qui lui vient. Il veut, Ô seigneur, il veut... Il LE veut. Il veut être son tout, et tout ce dont il a besoin. Il veut lui demander trop de chose impardonnable. Incomprise. Il veut être bien plus qu'un ami, bien plus qu'un souvenir. Il veut être concret.

-Je veux être réel.
Plus qu'un fantasme, plus qu'une relation chimérique, plus qu'une honte et plus qu'un secret, une erreur du passé.

-Je veux être pour toi ce qui n'est pas permis.
Braver l'interdit ? Il l'a déjà fait mais ce n'était pas avec Oswald. Savoir que c'est avec lui, que ce sera son complice le rend... Etrange. Plus prompt à se méfier, parce que pour une fois, le soldat a quelque chose à perdre. Oswald. Il n'a jamais connu cela, et il déteste cette bizarrerie autant qu'il l'apprécie.

Être son amant ? Le veut-il ? Est-ce même une question qui vaille la peine d'être posée tant et si bien quelle semble dépourvue de réponse. Dépourvue de réponse logique.

Il se relève, et regarde Eagle dans ses yeux perçants. Prêt à répondre, quelque chose, n'importe quoi tant que des mots sortent de sa bouche.

-Je l'ai toujours été... Ton amant. D'une certaine manière. Je suppose. J'ai juste... Quelques temps de retard. Mais aujourd'hui... Maintenant, tout ce que je veux, c'est toi. Parlons de l'avenir dans le futur. Mais aujourd'hui, cela n'a que peu d'importance. Concentrons-nous sur ce que nous pouvons faire dans le présent.

Les problèmes d'éthique, de morale, de société, de codes sociaux, d'idéaux prédéfinis, de toutes ces futilités ! De tout ! Il veut juste, pour une fois, les remettre à plus tard. Être aveugle et avoir pour seule capacité d'entendre les bruits provenant de la bouche de son Eagle. Juste pour cette nuit.

Car après tout, demain est un autre jour.

Oswald ne réfléchit plus à partir du moment ou Earnest proposa de se concentrer sur le présent. Il réduisit la distance entre eux et se laissa entrainer par la tempête de passion qu'ils généraient ensemble.

La première pensée d'Oswald au réveil fut qu'il était au lit avec Earnest. Nulle amnésie du sommeil pour lui, nulle question sur qui partageait sa couche. Il savait. Il n'était pas capable d'oublier une chose pareille. Il avait rêvé du réveil toute la nuit. Parfois ça se passait bien, puis il se réveillait dans le rêve suivant et ça se passait mal, puis il se réveillait dans le rêve suivant et ça se passait très bien... Il avait exploré au moins mille vies possibles avec Earnest cette nuit.

Et maintenant, il était réveillé. Earnest se réveillerait sans doute bientôt aussi, quand il commencerait à bouger. Ne serait-ce que parce que le Vicomte était lové dans les bras du Colonel.

Il commença par libérer un bras de l'emprise des draps et de l'étreinte de son loup préféré. Il aurait dû s'en servir pour se libérer plus avant, mais pour commencer, il ne put s'empêcher de caresser doucement le visage de Wolf.

Rougissant soudain, il s'échappa des bras d'Earnest et se leva pour aller chercher deux robes de chambre dans l'armoire. Il en enfila une et revint poser l'autre sur la table de nuit due loup qui émergeait doucement.

Plus à l'aise maintenant qu'il n'était plus nu, il s'assit sur le bord du lit.

"Hey?"

Earnest se sent quitter peu à peu le monde des songes à cause d'un petit mouvement de son compagnon juste à côté de lui. Il veut continuer à dormir, à rêver. Même si ceux-ci sont cruels et n'ont pour seul de le blesser mentalement et l'épuiser physiquement.

Il sent, dans son état semi-conscient, il reconnait la douce caresse de son Eagle. Cela permet de peu à peu dissiper sa torpeur.

Au cours de cette nuit, il s'est réveillé à plusieurs reprises. Pour une fois, ce n'est pas à cause de son passif en tant que membre de l'armée d'Angleterre. Non, c'est grâce à cette source de chaleur humaine. Cet homme, Oswald. Il ne sait pas ce qu'il va advenir d'eux. Pourtant il espère que ce réveil dure une éternité. Que ce temps entre rêve et réalité se prolonge pour qu'il puisse profiter, encore quelques secondes. Encore quelques instants. Est-ce trop demandé ?

Apparemment oui, il sent le noble s'éloigner de lui. L'homme qu'Earnest connaît depuis longtemps et depuis peu s'écarte de son contact physique. Un grognement de mécontentement sort de sa bouche. Il peine à ouvrir les yeux à cause de la lumière mais quand ses yeux se déposent sur la silhouette, il aime ce qu'il voit. Un Oswald qui se précipite en portant la tenue d'Adam vers la garde robe pour se chercher de quoi se vêtir. Rectification, pour leur chercher de quoi se vêtir.

AAArrg, il déteste les matins. IL en a horreur mais ce n'est pas grave, parce qu'aujourd'hui, il est avec Oswald. Donc ce n'est pas si terrible, il n'a plus envie de râler. Il baille tout en s'étirant, faisant craquer quelques os au passage, il s'assit sur le matelas. Il ne sait pas trop quoi dire pour engager une conversation, doive-t-il parler de leur nuit passé ensemble ou tenter de discuter, et si ce n'était que pour une nuit ? Une simple aventure sans lendemain, sans conséquence. Cela le blesserait mais ce serait tellement plus facile. Pour Oswald, et égoïstement, pour lui aussi.

Est-ce qu'il veut que cela prenne fin ? Non ! Bien évidemment que non. Et par ailleurs, comment achever ce qui n'a pas encore été commencé ? Mais peut-il prendre le risque, pour Oswald, sans aucun doute. Il soupire. Il ne sait plus où ils en sont. Ce qu'Oswald attend de lui et pour être honnête, il n'est pas certain de savoir lui-même ce qu'il désire entretenir avec Oswald. Pour un jour ou jusqu'à la fin de l'éternité ? Il ne sait pas. Il est perdu. Mais pour ne pas briser cette belle matinée dans lequel il a eu son plus beau réveil, il n'a pas prononcé ces mots qui résonnent et qui le font douter. Non, juste pour faire terre ces milles et une pensées qui l'assaillent dès que ses yeux se sont ouverts, il lui répond simplement avec un soupçon de taquinerie.

-Hey. Bien dormi ? Il m'a semblé que la nuit fut courte ou est-ce une impression ?

C'est sur ce ton léger que la journée débute.

Oswald sourit avec amusement.

"La nuit, oui, mais la matinée, est bien entamée... Il est onze heures, mon cher..."

Mon chéri. C'était ce qu'il avait envie de dire et qu'il avait retenu. Il ne pouvait pas dire ça. Il n'en avait pas le droit.

Le visage du Vicomte s'assombrit. Il n'en avait pas le droit. Il n'avait pas de droits sur Earnest, aussi fort qu'il le veuille.

Il se pencha pour déposer un léger baiser sur les lèvres de son amant pendant qu'une larme perlait sur sa joue.

Tout d'un coup, tout lui revenait. Il n'avait pas oublié Earnest, non. Mais il avait oublié le reste. Il avait oublié son titre, il avait oublié son père, il avait oublié Aelis. Il avait oublié sa vie.

Il ravala ses larmes. Il avait déjà joué les fontaines la veille. Ce n'était pas la peine d'embarrasser Earnest à nouveau.

"C'était très réel cette nuit. Tu voulais être réel hier."

Il s'interrompit.

"Je voudrais que nous puissions être réels. Ici, nous le sommes, bien sûr. Mais ailleurs. J'aimerais que nous puissions l'être... ailleurs."

-Onze heure !? Ma parole, la matinée est-elle déjà à ce point entamée ?

Earnest se lève et constate le soleil taper sur le rideau de la chambre, donnant cette impression que la pièce est baignée d'une lumière jaune.

Wolf hausse un sourcil envers Oswald, celui-ci a perdu son sourire. Il se demande ce qui peut bien tourmenter son amant d'une nuit, et il espère, plus si affinité.

Earnest ne s'attendant pas à ce qu'Eagle l'embrasse, était resté coi. Interdit. Il ne savait pas qu'elle était la limité à ne pas ou plus franchir.

-Cela n'avait pas de sens. Je ne savais plus ce que je disais. Comment ne pouvons-nous pas être réel ?
Demande Earnest en détournant du regard. C'était incompréhensible, pourtant à ce moment là, il voulait l'être. Non, ne pas être. Se sentir vivant. Peut-être ? Il n'en sait encore rien.

Earnest soupire. Il médite les propos d'Oswald, il aimerait cela aussi mais ils savent que ce n'est qu'une utopie.

-Dans une autre vie, peut-être aurions-nous ce droit d'exister et d'être réel ensemble ? Je nous le souhaite.

A une prochaine vie donc ? Est-ce là toute la conclusion de leur réalité ? Il espère que non.

"Je veux être avec toi. De tout mon cœur, de toute mon âme... Je ne sais pas comment, mais je te veux."

Soudain plein d'énergie, le Vicomte se leva et commença à faire les cent pas.

"Je..."

Sa gorge se serra, il ravala ses paroles. Il s'arrêta, respira et reprit.

"J'ai une confiance absolue en toi. C'est peut être idiot, je vois peut être plus Wolf en toi que l'homme que tu es devenu, mais Wolf a toujours été là pour moi a l'école. Ton départ m'a fait mal, oui. Mais quelque part, il m'a permis de me construire loin de toi, loin de mon... mes sentiments pour toi. Je pense que c'était bien. J'espère que tu as pu te construire aussi et faire, comme moi la paix avec le fait que tu aimes les hommes. Tu as servi honorablement et tu es revenu couvert d'honneur."

Il s'approcha de la fenêtre et décala un peu le rideau pour observer le jardin clos.

"J'ai une confiance absolue en toi et je t'aime toujours. J'ai l'impression de te trahir en me mariant, mais comme tu le sais, je devrais le faire un jour ou l'autre. Et je pense qu'Aelis est une candidate à ne pas laisser passer."

Il se retourna et planta son regard dans les yeux de son amant.

"J'ai une confiance absolue en toi, et donc, je peux, si tu en as envie, t'offrir le double des clefs de cette maison. De mon refuge. Parce que je ne veux plus que ce soit seulement mon refuge, j'aimerais que ce soit le nôtre."

-Devrions-nous vraiment savoir ? Laissons le temps au temps. Et quand tu sauras de quelle manière tu souhaites être avec moi, je te confierai aussi comment moi, je te veux. Peut-être.
Earnest hausse un sourcil devant les cents pas d'Oswald. Laissant le temps à Oswald de faire sa propre réflexion interne, Wolf a préféré se rasseoir sur le lit, déjà exténué de la journée à venir. La réflexion a été de courte durée car dès qu'Earnest dépose son popotin sur le matelas, Oswald commence à débiter toute sa triade qu'Earnest écoute d'une oreille attentive. Enfin de deux.

Earnest secoue la tête, désapprobateur. Oswald a tord sur deux points.
-Tu ne comprends pas. Je n'aime pas les hommes. Je n'éprouve quelque chose que pour un seul. Je n'ai jamais éprouvé quoique ce soit d'autre pour une personne du même genre que moi. A part lui...

"A part toi", pense Earnest. Et son regard intense envers Eagle en dit plus long que tous les mots qu'il aurait pu prononcé.

-Et je n'ai aucun mérite. Il n'y a rien d'honorable pour moi. J'ai servi mon pays mais...

Le prix en valait-il la peine ? Les meurtres qu'il a commis étaient sur des hommes comme lui, qui auraient pu être lui. Il a juste eu de la chance et un soutien extérieur.

-Bref, je dois arrêter de radoter. La guerre est finie.

Jusqu'à ce que la prochaine commence. Il est un peu cynique ou c'est lui ? Bah, il n'a jamais été du matin.

-Si tu veux me convaincre que c'est la bonne solution, que c'est ce qui convient le mieux à ta situation mais tu ne peux pas... Juste exposer le pourquoi c'est le meilleur choix, soutenu par des argumentations, pour que je sois d'accord Oswald. Je ne le suis pas. Mais je comprends. Et je ne peux pas te demander de renoncer à elle pour moi. Je ne te lancerai pas d'ultimatum. Ce n'est pas mon genre. Mais évite de te justifier. Tu n'as pas à le faire.

Et Earnest n'a guère envie qu'Oswald le fasse ! Wolf risque d'être plus irrité qu'autre chose. En plus, un matin ! A un mariage, à un anniversaire, à une soirée, dans un bar, oui, même à un enterrement, il est d'accord. Mais lors du réveil ?! Clairement, mauvais timing !

Les paroles d'Oswald arrivent à apaiser l'humeur irritable d'Earnest. Celui-ci soupire et réfléchit.  
-Tu en es sûr ? Je peux comprendre que tu préfères garder ce refuge pour toi. Je ne t'en tiendrai pas rigueur. On a tous droit de posséder notre jardin secret.

Earnest se lève pour une énième fois pour ouvrir la porte afin de laisser Oswald passer. Par galanterie, peut-être ? Mais étant donné qu'Oswald est le seul qui peut mener son estomac vers la cuisine... La vraie raison à ce geste avenant est facilement attribué à son ventre.
-Bon, à moins que tu ne souhaites un deuxième acte dans la chambre, je pense que la cuisine saura satisfaire ma faim. Ma faim de nourriture, je précise.

Oswald luttait contre ses sentiments. Il voulait que Earnest comprenne, il voulait qu'il approuve. Mais non, bien sûr, ça n'arriverait pas. Il tolérait, c'était déjà beaucoup.

Et il rejetait à moitié son offre de clef, ne semblant pas comprendre que c'était la plus belle déclaration qu'il ne pourrait jamais lui faire. Oswald lutta contre l'envie de pleurer qui lui montait aux yeux. Cela ne se vit quasiment pas.

"J'aime que tu puisses te balader dans mon jardin secret."

Puis il se lève et ouvre la porte vers le reste de la maison, l'invitant à aller prendre le petit déjeuner. Oswald retrouva le sourire et suivit son amoureux.

La reconnaissance du ventre.